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 Cinq ans plus tard

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Bradypus

Bradypus


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MessageSujet: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMar 6 Fév - 19:18

Après la campagne Tales from the Loop (journal de Jazz), retrouvez nos jeunes aventuriers cinq ans plus tard.

Mais que s’est-il passé entre temps :

Quelques mois après l’arrestation d’une partie des dirigeants de Pharmacorp, l’entreprise quitte Auroreville. Le Loop reprend alors progressivement possession de son terrain et des locaux.

En fin d’année 1984, les enfants apprennent que Sarah Takova a été promue. Elle, et sa famille ont quitté la France, sans doute en compagnie d’Alain Mandeur. Dorénavant, elle dirige le site suédois près du lac Mälar.

Le mercredi 6 Mars 1985, vers 17h, des bruits étranges et inquiétants provenant des tours de refroidissement se font entendre. Puis, un long grondement sourd, accompagné du tremblement de la terre, sont ressentis dans toute la vallée et à une vingtaine de kilomètres alentours. Les alarmes sont déclenchées, les sites à risques sont rapidement évacués, puis c’est l’ensemble du groupe qui cesse toute activité. Le Loop ferme sans préavis pour éviter d’éventuels incidents et accidents.
Tous les circuits souterrains prennent mystérieusement et rapidement l’eau. Le niveau commence à monter centimètre après centimètre, dans les égouts, puis dans les rues.

En mai 1985, Auroreville est évacuée, des digues sont construites, puis des barrages. Malgré l’intervention de spécialistes venus des quatre coins du monde, l’eau s’accumule, la vallée est alors interdite d’accès. Une clôture grillagée est construite pour en restreindre l’accès.

En juillet 1988, le niveau d’eau cesse enfin de monter, mais la zone est toujours sous surveillance, et des contournements sont enfin créés pour faciliter les échanges.

En juillet 1989, les désormais jeunes adultes, après une année scolaire bien chargée, veulent profiter de leurs vacances.
Cela fait un an que le niveau du lac ne progresse plus, alors ils décident de partir à l’aventure pour visiter le site, et ce, même s’il demeure interdit au public.

Le septième jour du mois de juillet, ils prennent la direction du lac d’Auroreville.
Ils savent que dans quelques mois, des entreprises privées vont venir en grand nombre pour réaliser des pré-études de faisabilité. La région souhaite, en effet, transformer cette friche en un parc aquatique.

A quelques mètres du grillage périphérique, le mystère commence.

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fpierrat




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MessageSujet: Le campement des 12   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMar 13 Fév - 19:43

Ep. 1

07/07/1989

Après des semaines de préparation de notre petite virée, nous arrivons enfin à Auroreville. Ou Aurorelake, plutôt.
Laul nous a véhiculés, Bill et moi, puisqu'il est le seul à avoir 18 ans ET le permis ET une voiture.
Sur au moins un des trois points, je le rattrape dans tout juste une semaine. Moi, c'est Manu, alias Tibato.

Laul s'engage sur plusieurs routes, qui finissent toutes en cul de sac sans réelles possibilités de garer la voiture, avant de trouver un chemin plus prometteur.
Nous y croisons un pickup qui a dû être blanc quand il était propre. Impossible de distinguer le conducteur.
Le chemin est interrompu par le grillage qui ceinture le lac. Un bon grillage bien costaud, près de 4 m. de haut, avec du barbelé pour les finitions sur le dessus. Je remarque au passage une caméra braquée sur le portail qui bloque l'accès.
Sur la gauche, un peu plus loin, un chemin s'enfile dans les bois et une petite clairière permet de stationner.

En descendant de la voiture, alors que nous prenons la direction du grillage pour voir comment le traverser, Bill perçoit du mouvement. Quelqu'un, à moitié dissimulé dans les buissons, semble s'affairer sur la clôture.
Grâce à ses jumelles, Bill reconnaît Eddy. Inconnu au bataillon, pour moi et Laul. Mais Bill nous assure qu'il est "cool" et décide de l'aborder.
Juste à ce moment, une R11 bleue passe sur le chemin. Ca semble décidément plus fréquenté que ce que nous pensions. Vitres teintées, là encore impossible de distinguer le conducteur. Une fois disparue au tournant, nous nous approchons d'Eddy et constatons qu'il tente, avec l'expression d'un gamin pris la main dans le pot de confiture, de dissimuler derrière son dos une pince coupante et une brèche déjà bien entamée dans la barrière. Apparemment nous avons les mêmes projets. Nous retournons à la voiture chercher nos paquetages pendant qu'il achève l'ouverture, nous discuterons davantage plus tard, pas en bordure de chemin sur les lieux du crime...

De l'autre côté de la clôture, la végétation a repris ses droits. Les maisons que nous passons ont été vandalisées.
Laul pense avoir vu du mouvement au loin à une fenêtre (dans une maison côté "civilisation", à l'extérieur de l'enceinte) et craint qu'il y ait des témoins de notre intrusion, mais Eddy nous rassure: c'est la maison d'un petit vieux qui vit seul avec son chien, aucune chance qu'il nous voie à plus de 100 m.
Nous empruntons un petit sentier que quelqu'un a tenté de dissimuler derrière un montage de branchages. A travers une trouée dans les arbres, nous voyons enfin le lac. Une éolienne, les pieds dans l'eau. D'après Eddy, sa construction a débuté début 1985, avant l'inondation, et a été poursuivie après l'évacuation.

Un peu plus loin, nous sommes interpelés par du mouvement. C'est un robot, génération SKU aux couleurs de la gendarmerie. Nous nous dissimulons tous de notre mieux. Le mieux de Bill n'est pas terrible: il se vautre et dévale tout le talus que longe notre sentier. Le robot poursuit sa route sans avoir rien remarqué. Faute pour Bill de réussir à remonter vers nous, nous décidons de le rejoindre. Qui peut le plus peut plus que celui qui ne peut pas grand chose. Nous retrouvons Bill avec nettement plus de style et d'élégance mais ce n'est pas un bien gros challenge.

En dessous, la route que nous avons quittée plus tôt se termine sur une placette en bordure d'une plage de petits cailloux et desservant un hangar à bateaux. Porte verrouillée. Fenêtre bien fermée. Un boîtier électrique de recharge pour les robots sur la face gauche. Je décide de me jeter à l'eau depuis la plage pour atteindre l'accès maritime (lacitime?) par l'arrière. Là rien n'est verrouillé: une barque à quai, avec ses rames. Eddy m'a suivi, nous nous hissons tous les deux à l'intérieur mais ne nous attardons pas: les autres sont à droite à gauche, personne ne surveille les abords pour nous prévenir en cas de visite. Je me contente de tourner la poignée de la fenêtre pour plus tard. Juste un rapide tour d'horizon avant de repartir: plein de bazar, des caisses et des caisses de matériels divers; au sol des traces de terre laissées par une voiture; un calendrier mural avec mention "RàS" hebdomadaire jusque début juin puis plus rien. Apparemment la personne qui faisait des rondes régulières n'est pas passée depuis 5 semaines.
On verra pour approfondir la fouille avec les copains, pour l'instant on se dépêche de les rejoindre.

Pendant ce temps, Laul est parti chercher un point de chute sympa pour dresser le camp. Entre buissons et broussailles, rien de bien transcendant... sauf au milieu, toute une zone parfaitement nue, de 30 m. de diamètre environ. Ne sachant ni pourquoi c'est là, ni à quoi ça sert ni à qui, ça ne nous paraît pas l'endroit du siècle pour passer la nuit.

Nous revenons tous à peu près en même temps à la plage. Laul et Bill décident de passer par la fenêtre pour fouiller le hangar d'un peu plus près, pendant que je pars poursuivre les recherches de Laul. Je pars à l'opposé, longe le lac vers la gauche: de la forêt (à ma gauche, mais aussi des cimes qui crèvent la surface du lac à ma droite). Pas de terrain propice au campisme. J'observe des moomies qui dérivent lentement sur le lac: des sphères a priori équipées d'instruments de mesure et d'analyse.
La fouille de Laul et Bill aboutit à deux clés (avec porte-clé bouée pour l'une, yellow submarine pour l'autre). De nombreux bidons, dans certains ils identifient du liquide-à-pierre-noire-pour-robots. Un genre de téléphone-à-pots-de-yaourts fait de deux godets en cuivre avec boutons et mécanismes inconnus, reliés par 1,20 m. de câble. Ils repartent avec les deux clés et les pots de yaourt. Comme si on n'avait pas déjà assez de charge à porter.

Alors que nous nous apprêtons à repartir, un robot approche. Nous passons en mode furtif. Dissimulation ras des pâquerettes. Ce coup ci c'est Laul le boulet de service. Il se fait repérer et fuit sans trop savoir ou aller, il part un peu dans tous les sens, quand il est plaqué au sol par un inconnu qui le cache avec lui sous un filet de camouflage. Le robot laisse tomber et se dirige vers le boitier de recharge.

Quand on peut tous se relever et se rassembler, l'inconnu se présente: il s'appelle Franck Caporal, plus connu sous le surnom Maréchal qu'il tient de son ancien métier (maréchal ferrant et propriétaire d'un club hippique). Il nous propose de nous accueillir dans leur campement, à 2 km, ce que nous acceptons avec plaisir. En chemin, nous apprenons des choses sur notre nouvel environnement:
- le disque de 30 m. sans végétation, il ne l'a jamais vu mais il en connaît d'autres: ils apparaissent du jour au lendemain, ou, plus précisément, TOUT disparaît du jour au lendemain dans un rayon de 15 m. Celui qu'a vu Laul doit être récent. Eddy nous raconte que c'est arrivé à la ferme de ses grands-parents (en dehors de la zone grillagée), c'est en partie pour ça qu'il est ici, il cherche des explications.
- la zone est dangereuse. Des gens disparaissent. Récemment Justin, un membre de la communauté, à disparu. En cas de présence dans une zone "disque vierge" au moment où tout disparaît, il ne doit pas faire bon être à cet endroit... mais personne n'a assisté à ce phénomène jusqu'ici.
- il ne circule plus de véhicules à magnétrine depuis que l'un d'eux, un cargo, s'est crashé sur la place de la Mairie,
- dans l'eau, vu la taille des ombres qu'on y a vu s'y dessiner dans la surface pendant de précédentes aventures -bien avant l'inondation- ce ne doit pas être bien sûr non plus.
- Franck fait partie d'une communauté de gens qui ont décidé de revenir vivre ici, chacun pour ses propres raisons. Ils sont 12, mais 9 seulement sont là en ce moment.
3. Franck, sa femme Déborah, sa fille Eglantine (absente en ce moment, partie aux Etats-Unis)
4. Philippe, médecin
5. Jean Daudet
6. Charles Bemax, ancien garde forestier
7. Agatha Marchal
8. Jacques Leclerc, dit Jack, ancien bûcheron
10. Ludo et Irina, partis chasser
12. Clara et Timothée, partis en ville (Annecy)
13. Justin, disparu
- la communauté est très soudée: entraide, solidarité...
- il est arrivé quelque chose à celui qui s'occupait de la remise à bateaux. Il a été recueilli par la communauté, il semble avoir un sérieux pète au casque.
L'éolienne alimente ce qui se trouve en dessous: il s'agirait de la ferme lunaire de Denis & Vredny. D'ailleurs, quand on cite les noms en écho aux explications de Franck, il nous informe que c'est Denis, le gardien qui a pris un coup à l'encéphale

Au tour d'Eddy de faire son boulet. Le sentier surplombe une falaise qui, si on se souvient bien, doit nous mener à la clairière avec la grotte abritant une statue de Sainte Lucie. C'est là qu'Eddy se prend les pieds dans... dans rien en fait, il s'étale juste comme une bouse et aurait fait le grand saut si Franck ne l'avait rattrapé de justesse, juste au bord de l'abîme. Sauf qu'en jouant les héros-nounous, Maréchal s'est blessé. Il hurle de douleur, ça doit être une belle fracture d'au moins 130 décibels. Bill et moi fonçons vers le camp qui n'est plus très loin, pendant que Laul et Eddy restent auprès de Franck. Nous revenons bientôt avec Déborah, Jean et Jack -nous le saurons plus tard, sur le coup pas vraiment de temps de faire les présentations dans les règles de l'Etiquette.
Ils prennent en charge Franck sur un brancard, Eddy se propose d'aider mais tout le monde lui crie de ne surtout plus toucher à rien, plus bouger, rien!!! Arrivés au camp, Jean qui s'avère être médecin s'isole avec Franck et Deborah pour s'occuper de Franck, pendant que Jack nous fait visiter le campement.

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Dernière édition par fpierrat le Mer 21 Fév - 20:30, édité 2 fois

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fpierrat




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MessageSujet: Ep. 2 - Le relais - La base sous-lacustre   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMar 20 Fév - 20:35

Ep. 2
Nous nous installons dans une des trois tentes déjà montées qui est libre, ce qui nous évite de dresser la nôtre, avant d'aller faire un peu plus ample connaissance avec nos nouveaux "amis".

Laul est réticent sur ce qualificatif: il hésite à se fier à la bienveillance de ces braves gens. Il nous confie que lors d'un séjour en Suède (ses parents travaillent toujours au Loop là-bas), il a entendu qu'il y aurait au sein de la zone interdite des "espions". Qui espionnent quoi et pour qui? Il n'en sait pas grand chose, tout ça est bien flou, et pas assez étayé pour entamer l'a priori plutôt confiant des 3 autres. Mais nous essaierons tout de même d'être aux aguets, à l'affût de signes susceptible de nous alerter.

Bill et moi allons donner un coup de main à Charles avec les bêtes. Lui a toujours sa maison, hors zone interdite, parfaitement habitable. Il a décidé de rejoindre la communauté lorsque l'heure de la retraite a sonné, mais surtout à la belle saison; en hiver, il passe beaucoup plus de temps chez lui.
A sa connaissance, il n'y a pas d'autres communautés autour du lac, mais le Dr Moreau s'occupe toujours de son refuge, situé dans l'enceinte mais au dessus du niveau des eaux.

Laul et Eddy passent un peu de temps avec Franck, qui est plâtré. C'est bien une fracture. Il leur donne quelques premières instructions pour l'accès au relais, la réparation de l'antenne et la mise à dispo de son matériel, mais nous devons le revoir tous ensemble demain matin pour un briefing complet avant de partir. Il fournit également, en réponse aux questions de notre dubitatif Laul, des précisions sur les membres de la communauté, les conditions de leur arrivée.
Jack, Jean et Agatha sont là depuis le début. Jean est complètement gâteux, c'est encore plus flagrant le soir avec la fatigue de la journée.
Philippe travaille toujours dans le "vrai" monde, il est ici essentiellement les week-ends et vacances.
Ludo et Irina sont intégrés depuis 3 ans. Ce sont des saisonniers qui passaient par là en quête d'un plan cueillette, le coin leur a plu, ils ont été bien accueillis, les conditions de subsistance leur convenaient: chasser/cueillir/pêcher sans aucun besoin financier, ça leur va. Ludo est un bon chasseur.
Timothée et Clara sont d'Auroreville, ils étaient partis quand l'évacuation a été imposée, mais quand ils ont entendu qu'une communauté s'était installée, ils ont décidé de s'y joindre.
Charles est arrivé seulement l'année dernière.
Justin a disparu depuis déjà 2 ans. Il est parti un matin, sans aucune intention déclarée de ne pas revenir, mais il n'est jamais réapparu. Pour tenter de le retrouver, les autres ont suivi ses traces, qui les ont menés jusqu'à une clairière au milieu d'une forêt. Une clairière circulaire de 30 m. de diamètre, ça commence à sonner familier. Philippe nous indique le point sur la carte.
Laul qui n'a pas oublié qu'il était avant tout venu ici pour chasser de la meuf parvient avec une subtilité sans faille à apprendre qu'Irina est en couple avec Ludo, et Clara avec Timothée. Déborah avec Franck, ça on le savait. Reste Agatha, elle pourrait être sa grand mère, mais bon, à lui de voir...

Arrivent Ludo et Irina avec un sanglier. Une belle bête. (le sanglier, Laul, le sanglier!).
Tout le monde se rassemble au réfectoire et les tâches semblent se répartir naturellement: préparer le repas du soir, mettre la table, débiter le cochon.
Tout le monde est là... sauf Agatha. Il n'en faut pas plus à Laul, c'est sûr, mais c'est bien sûr, elle cache quelque chose! Elle réapparaît finalement, trop tôt pour que Laul ait eu le temps de construire un gibet ou d'organiser un peloton d'exécution. Mais elle repart aussitôt quand Laul évoque, de façon à être entendu par le plus de monde possible, le Loop, pour voir si ça suscite des réactions. Eh bien oui, ça fait réagir Agatha, elle ressort aussi sec, avec des larmes au coin des yeux.
Les autres invitent Laul à éviter le sujet Loop dorénavant en présence d'Agatha: son fils y travaillait avec son épouse, ils étaient tous deux dans le cyclotron lorsque celui-ci a été inondé, alors que les sas d'évacuation étaient verrouillés par les systèmes de sécurité. On n'a jamais retrouvé leurs corps. Ce qui n'est d'ailleurs pas vraiment surprenant vu que personne n'a plus remis les pieds dans les installations inondées.

D'autres bonnes idées Laul? Faudra qu'on pense à demander à notre Dr Philippe si la paranoïa fait partie de ses domaines de compétence, on a peut-être un client. Quand on pense que c'est LE perso du groupe qui a 8 en empathie, ça craint...

Les conversations reprennent leur cours, Ludo est intarissable sur la chasse, la nature, la pêche et les traditions (faudra lui suggérer de monter un parti, ça a de l'avenir). On apprend ainsi que la faune se porte au mieux en l'absence du prédateur universel, l'Homme. Que les animaux sauvages évitent toutefois les abords de la réserve de notre ami Moreau, sans doute effrayés par les créatures étranges qui y sont entretenues: toutes sortes d'animoïdes plus ou moins biologiques, plus ou moins dotés de prolongements mécaniques. Bon à savoir, pas traîner là sans savoir où on met les pieds ni ce qu'on risque...
Il nous apprend aussi qu'une société Biotech intervient dans la zone pour faire toutes sortes de prélèvements, relevés, analyses. Il lui arrive de parler avec l'un des employés, Dédé.

Bill Eddy et bibi décidons d'aller rendre visite à Denis, mais Laul préfère rester à faire de la musique avec Ludo et Irina. Peut-être pour essayer de charmer les espions, tel le psylle avec son pungi? Philippe nous accompagne et nous demande, si nous retournons le voir, de systématiquement demander à lui ou Déborah de l'accompagner. Au cas où un changement serait à noter, pour ne pas le rater et tenter d'en tirer un profit thérapeutique dans l'intérêt de Denis. Ou pour nous surveiller? suggérerait Laul s'il était là.
Denis est méconnaissable. Couché, la tête bandée, il est complètement exalté et répète en boucle "J'ai réussi", ou "4, 6, 13, 24, 2, 9". Ou encore "J'ai réussi". Puis "J'ai réussi". Ou bien "4, 6, 13, 24, 2, 9".
Visiblement, il a réussi à en tirer quelque chose de sa fameuse installation à base de dés dans la Ferme lunaire(*), mais là où ça l'a mené le pauvre, on n'est pas sûrs de souhaiter à quelqu'un d'autre de l'y suivre.
Philippe nous montre le casque qu'il avait sur la tête: il s'agit d'une bande circulaire d'un alliage que nous n'identifions pas, d'un rayon de 5 cm. de plus qu'une tête, équipé de sortes de pointes orientées vers l'intérieur: a priori seules les pointes sont en contact avec la circonférence de la tête, du front à la nuque. Quelques fils électriques partent du casque et ont été arrachés de l'appareil auquel il était connecté.
Cinq ans plus tard Img_2010

Une poussière rouge me reste sur les doigts après l'avoir manipulé. Or aucune telle poussière à l'endroit où Denis a été retrouvé -d'ailleurs il était trempé et semblait sortir de l'eau.
Bill évoque l'idée que peut-être Denis a effectivement "réussi", que peut-être la machinerie-aux-dés-de-la-ferme-lunaire(**) l'a effectivement transposé dans un autre "ailleurs", d'où il aurait ramené cette poussière rouge. Ça peut nous donner un indice sur le résultat de l'expérience. Philippe accepte de faire tout ce qu'il peut comme analyses si la composition de la poussière peut aider à aider Denis. Il faudra aussi qu'on se creuse un peu la mémoire pour essayer de mobiliser quelques souvenirs un peu plus précis sur ce que Denis nous avait raconté naguère sur ses recherches(***) et surtout sur leur objectif ultime, celui qu'il aurait "réussi" aujourd'hui. En tout cas, réussi ou pas, l'objectif en question n'a pas raté notre ami Denis qui continue à divaguer ses "4, 6, 13, 24, 2, 9" et ses "J'ai réussi" pendant tout le temps où nous restons dans ses appartements.

Sur ce, une bonne nuit de bon sommeil bien profond et bien réparateur nous remet d'aplomb pour la suite de nos aventures. Ou pas? Pour ma part j'ai eu un sommeil agité entrecoupé de cauchemars, mais par fierté je n'en dis rien aux autres. A voir leurs têtes, je les soupçonne de faire de même.

08/07/1989

Jean, Philippe et Déborah nous accueillent pour le petit déjeuner. Agatha nous rejoint, Laul lui saute dessus pour lui présenter ses plus plates excuses pour avoir évoqué le Loop hier, il ne savait pas, et patati et patata... C'est assez maladroit mais ça a l'air de passer. Il lui parle alors de Ricky et de nos aventures qui l'ont ramené de son exil dans un monde parallèle, sur le mode "faut pas désespérer, tout peut toujours s'arranger", tout ça tout ça. Il se trouve qu'Agatha connaissait Ricky, ils étaient en classe ensemble! Enfin, jusqu'à ce qu'il ne se présente plus en cours, ce qui a singulièrement raccourci leur durée de scolarité commune, forcément... Laul semble avoir réussi à lui redonner un peu d'entrain. Pas si mauvais que ça finalement, quand il veut.
Pendant ce temps, les autres nous confient que c'est pour Agatha que la communauté a choisi ce lieu pour s'installer: elle passait ses journées à prier devant la statue de Sainte Lucie, et c'est pour éviter de la laisser dépérir là toute seule que les premiers se sont installés autour. Puis d'autres sont arrivés et le camp s'est étendu.

Déborah nous confie un plateau que nous apportons à Franck. Nous devions passer le voir pour un dernier briefing sur l'antenne avant de prendre la route. Le pauvre souffre toujours!
Lorsque nous passons ensuite à l'atelier chercher son matériel pour l'intervention, Ludo y est occupé à réparer une brouette. Il nous donne le sac de Franck: un énorme sac en cuir de 15 kg. Eddy se fait fort de le porter, ce n'est pas une demi portion, lui. La suite lui permettra d'appréhender plus finement ses limites.
Ludo nous indique également vers quelles heures il vaut mieux éviter l'endroit qu'il nous désigne comme le lieu où Dédé travaille généralement. Il  enrichit également notre carte d'un tracé des contours du lac et des positions des "disques vides" qu'il connaît. On y ajoute celui que Laul a trouvé et celui de la ferme des grands-parents d'Eddy qu'il ne connaissait pas.

Le trajet se passe plutôt bien. Un robot à esquiver, des bruits mécaniques que nous laissons derrière nous en bifurquant dans la direction opposée, et quelques pauses pour Eddy qui souffre sous faix du fardeau et que nous finissons par délester un peu sans égard pour son ego.

Arrivés au pied de l'antenne, premier souci: un arbre est tombé sur un des quatre pieds qui forment la structure de l'antenne relais. Impossible de mesurer le risque que représente l'ascension sans en voir plus sur l'ampleur des dégâts causés par l'arbre. Mais les branches et les feuilles sont denses, et il nous faudra plusieurs heures pour nous rendre compte qu'il faut renforcer un point de fragilité. Je me révèle encore plus mauvais en bricolage que Laul en empathie hier soir, c'est dire...
En cherchant des banches d'arbres ou troncs d'arbustes qui pourraient nous servir de renforts, nous trouvons un affût de chasseurs. Nous le soulageons de quelques planches qui ne nous paraissent pas indispensables. Ce faisant, un reflet attire l'attention de Laul. Aux jumelles, il identifie la source: le rétroviseur d'une voiture noire. Nous trouvons aussi quelques douilles aux alentours de l'affût. Ce n'est pas du petit calibre, ni même du 12, ça a l'air carrément sérieux, le genre de bastos à faire de très gros trous dans de très grosses bêtes.
Sans savoir si c'est des bêtes ou des munitions ou de ceux qui portent les fusils qu'il faut avoir le plus peur, nous retournons à nos opérations de soutènement. La réparation de l'antenne proprement dite n'est, après ça, plus qu'une formalité.
Une fois réparée, nous constatons que ce n'est pas un simple relais, mais également un poste de réception, qui peut aussi servir d'émetteur si on y branche un micro sur le connecteur ad hoc. Intéressant. Ça pourra servir au besoin. Quelques tests de réception, balayage de fréquences, et à un moment (fréq. 27) je capte quelque chose. Ça doit venir de très loin, ou de derrière un massif ou quelque chose comme ça car il y a beaucoup de parasites. Quelques syllabes ressortent entre les crachotements: "...ention...evoi...nondé...cyclo...".

Mission accomplie, nous rentrons. Avec un détour sur le retour: nous voulons savoir ce qu'était le bruit mécanique auquel nous avons tourné le dos à l'aller.

Nous tombons sur un quai, un camion marqué "Biotech 2", une grue, un sous-marin-même-pas-jaune, une plate-forme en bois sur laquelle un gars hisse le sous-marin avec la grue, et un algéco depuis lequel le même gars téléphone pour râler qu'il n'y a rien qui marche, que l'entretien n'a pas été fait, ou mal, qu'il a perdu une demi journée à cause d'un problème sur la jauge du liquide ionisant, qu'il reviendra la semaine prochaine et que d'ici là tout à intérêt à être au carré.
Le gars doit être Dédé, car il a commencé sa conversation par "Allô, c'est Dédé".
Il ne doit pas être sourd ni aveugle, car il nous lâche un "c'est bon, vous pouvez vous montrer, pas la peine de vous cacher" qui semble indiquer qu'il a repéré au moins l'un de nous. Je sors immédiatement pour éviter qu'on se fasse tous repérer, après tout c'était moi le plus exposé en l'espionnant à la fenêtre de l'algéco. Je lui fais croire que je me suis perdu en me promenant innocemment dans la verte campagne. Enfin, j'essaie de lui faire croire. Il me répond par un "arrête de me prendre pour un con" qui semble indiquer qu'il n'est pas plus con que sourd ou aveugle. Il me donne quand même la direction -pas facile de se perdre, il n'y a qu'un chemin et il suffit de le suivre, c'est moi qui passe pour un con. Ramasse ses affaires: une malette et une boîte noire qui semble lourde et fragile. Pose la boîte noire sur la table et la branche. Verrouille l'algéco et cache la clé sous une pierre. Pas sourd, pas aveugle, pas con, mais peut-être pas assez méfiant non plus, il m'a vu partir dans la direction indiquée, bien visible au milieu du chemin, et n'a pas imaginé que trois autres larrons étaient toujours aux aguets. Puis il s'en va dans sa camionnette marquée...  non, pas marquée "Biotech 2" finalement, Laul qui a été voir de plus près s'est rendu compte qu'il s'agissait d'une plaque magnétique recouvrant la véritable sérigraphie apposée sur le véhicule:

Pharmacorp.



(*) Voir nos précédentes aventures dans le monde merveilleux de Tales from the Loop; d'excellentes chronique sont en ligne
(**) Voir (*), juste au cas où vous auriez déjà oublié
(***) Voir (*). Si vraiment vous êtes venus chercher la note, il y a de quoi s'inquiéter.

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fpierrat




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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeLun 4 Mar - 20:27

08/07/1989

Après nous être assurés que Dédé ne revenait pas, nous récupérons la clé et visitons l'algéco.
Une autre clé est cachée là aussi.

Au mur un caldendrier avec le logo Biotech2. Aucune inscription sauf à la page du 1er Mai, à la place du saint: "XIEI QC MZNZSMW". Je découvrirai un peu plus tard, après quelques heures d'essais, que ça signifie bien "FETE DU TRAVAIL" comme c'était prévisible, encrypté avec la méthode Vigenère, alphabet standard et clé "SELENITINE". Cool, on sait décoder "Fête du travail" maintenant! J'espère surtout que j'ai trouvé la méthode et la clé qui nous permettront de comprendre des informations Biotech/Pharmacorp plus sensibles que ça!

Téléphone mural et numéros internes: 0200=standard, 0201=Service technique, 0202=Labo, 0203=Administration.
Je fais un raccord et tire un câble sous l'algéco: sous réserve de trouver un terminal, on pourra venir se brancher soit pour écouter les conversations de Dédé avec sa boîte, soit pour téléphoner si besoin (si ce n'est pas un poste à usage strictement interne...).

Boîte noire: ça ressemble à un ordi sans écran ni bouton marche/arrêt.

Bill et Laul font mumuse avec la grue, grâce à la deuxième clé trouvée. Ils descendent le sous-marin, parviennent à ouvrir l'écoutille, entrent. Dedans, outre les sièges, commandes, mécanismes qu'on peut s'attendre à trouver dans un engin:
- un placard plein de classeurs "Pharmacorp":
      . 20 classeurs, a priori essentiellement des protocoles et résultats de mesures et tests. Mais aussi
      . un manuel d'utilisation et entretien de la grue,
      . un autre pour le bathyscaphe (du grec βαθύς (profond) et σκάφη (barque)
        ... mais heureusement il y avait un dessin sur la couverture, ils ont compris de quoi il s'agissait quand même
      . le carnet d'entretien de la nef sublacustre,
      . pas mal de documents administratifs,
      . et un classeur dont la première page titre "Les Portails"
- deux combinaisons de plongée et les bouteilles qui vont avec, à peu près à notre taille. Ça tombe bien, Laul et Bill ont déjà fait de la plongée.
- une caisse grillagée
- une couverture avec des poils dessus, sur laquelle Laul passe presque plus de temps que Bill sur les classeurs.
   Comme quoi les goûts, les couleurs...
 
Ils finissent par ressortir juste quand Eddy et moi commencions à trouver le temps long à faire le guet et nous demandions ce que nous pourrions leur faire de drôle avec la grue... Le temps de rentrer au camp, bien chargés (quelques classeurs et notices pour essayer de voir un peu où nous mettons les pieds), il est 19h. Nous cachons tout ça dans notre tente et prenons la direction du réfectoire.
Première rencontre avec Timothée et Clara qui sont rentrés de leur périple en ville.
Au cours du repas, infos recueillies: Dédé vient d'un site Biotech basé à Annecy (Ludo). Pas de chasseurs, ou alors des braconniers discrets: lacets, pas d'armes à feu (Franck).
A l'heure de la vaisselle, Laul se fait mal voir en désertant pour aller commencer à compulser les classeurs. Jack et Irina mettent l'ambiance respectivement au violon et au tambourin.
Je file chercher les douilles pour les montrer à Ludo qui semble le plus versé en matière d'armes de chasse: ce sont des munitions militaires, ça ne peut pas se trouver dans le commerce. Le lieu où on les a trouvées correspond à là où Justin à disparu, nous n'avions pas fait le rapprochement. Sauf que c'était il y a deux ans et que les douilles sont récentes. Ceci dit il y en a peut-être d'autres plus vieilles sur place, on n'a pas réellement cherché, on a juste ramassé celles qu'on a trouvées par hasard. Ludo regardera de plus près la prochaine fois qu'il aura l'occasion de se rendre dans ce secteur.

Eddy creuse le livret d'entretien: tout a été fait régulièrement, et récemment. En dehors du niveau de liquide ionisant à refaire, ça devrait bien se passer.
Laul étudie les documents administratifs. Tout ce qu'il en retire, c'est quelques détails sur Dédé: André Rousselet, technicien chimiste.
Bill s'acharne sur le manuel de l'utilisateur du bathyscaphe. Il a compris l'essentiel ; sous réserve de validation pratique, il devrait être capable de manœuvrer le sous-marin et même d'utiliser le bras-pince.
Laul s'attaque ensuite aux classeurs d'analyses. Depuis plusieurs semaines, le taux d'une certaine "substance inconnue" ne cesse d'augmenter. Il s'agirait de microscopiques spores rouges. Le début de cette évolution correspond chronologiquement à 15 jours après la dernière intervention notée par Denis dans le calendrier de son hangar à bateaux. Faut-il en conclure que cette substance inconnue pourrait être la poussière rouge ramenée par Denis de nul ne sais où sur son casque? Qui aurait trouvé un terrain favorable dans le lac pour croître et se multiplier?
Pour ma part, je finis dans le local CB avec Jack qui me parle d'un message étrange qui tourne en boucle. "...ention ... evoi ... nondé ... cyclo ...". Il me demande si nous l'avons entendu aussi. En réponse à ma réponse affirmative, la question "en avez-vous parlé à quelqu'un?" commence à m'inquiéter tout doucement. La parano, c'est comme la montagne, ça vous gagne ! Histoire de ne pas être à ses yeux un témoin à supprimer avant qu'il parle, je lui dis que bien sûr, j'en ai parlé tout de suite à Franck... mais finalement la tension retombe, il semble juste très préoccupé par ce message à répétition. Il me demande si on peut répondre. Techniquement, oui, on peut toujours essayer. On est peut-être même un peu stupides de ne pas y avoir pensé plus tôt. Ce que semble confirmer le regard désespéré du MJ. Bref, j'appuie sur le bouton "talk", Jack tente un "y'a kékun?", sans succès. Après plusieurs tentatives, une voix nous répond finalement: "Ah enfin, quelqu'un m'entend!". Il s'agit de Jean-Yves Pasquier, qui nous indique travailler pour Pharmacorp et nous demande de prévenir les autorités pour déjouer un sabotage qui vise à inonder le cyclotron. Jean-Yves a été démasqué par les agents de Pharmacorp qui l'ont mis hors d'état de nuire (ou de sauver Auroreville, tout est question de point de vue). Il est enfermé au château d'eau de la Comtesse, il détient des preuves du complot Pharmacorp vs. Loop. Comme son histoire a un petit goût de je-parle-au-futur-pour-décrire-le-passé, je lui demande à tout hasard, juste pour être sûr, comme ça, de me donner la date. Bingo, 22 février 1985. J'ai l'impression de revivre le cauchemar Ricky. Encore un gars coincé dans le passé. J'essaie d'expliquer à Jack: Ricky, le téléphone rouge, la boucle temporelle, la pierre noire, le jour qui se répète tous les jours, je lui illustrerais même presque le propos avec le jour de la marmotte de Punxsutawney mais je me rappelle juste à temps que je ne connais pas le film qui ne sortira que dans 4 ans.
Je finis par capituler et le laisser, complètement paumé, pour rejoindre mes camarades. Nous décidons d'en parler à Franck, voir si on peut emprunter la camionnette avec la CB pour aller voir sur place. Récupérer les documents si on peut les trouver, sinon essayer de voir avec JYP s'il peut nous les poser dans un coin où on pourrait les retrouver 5 ans plus tard... si on arrive à lui expliquer mieux qu'à Jack de quoi il retourne.

Il semble que ce soit la fin du Mystère 1: nous avons réussi à remplir la mission confiée par nos hôtes, rétablir la communication via le relais.

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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMer 6 Mar - 23:25

Dimanche 09/07/1989

Après le petit-déjeuner, Eddy et moi allons voir Franck. Qui ne comprend pas bien ce que Jack lui a raconté. Je rame un peu sur le point d'expliquer pourquoi j'avais dit à Jack que j'avais dit à Franck ce que je n'avais pas dit à Franck... Quand nous lui demandons de l'aide matérielle, camionnette, CB, il nous oppose une fin de non recevoir sans appel. Pour lui c'est un canular téléphonique (cibinique pour les puristes) et il ne nous aidera en aucune façon là-dessus. Plus j'essaie de lui expliquer pourquoi il faut prendre ce gars au sérieux, plus je comprends qu'il faut que j'arrête avant qu'il ne me prenne définitivement pour un fou.

Je passe rapidement au local radio pour tenter un nouvel échange avec Jean-Yves. Il me demande de prévenir sa femme Christelle (oui, je sais, moi aussi de la part d'un Ricky II, j'aurais attendu une Adrienne. Mais non, c'est bien Christelle). Mais il refuse de m'écouter quand j'essaie de lui expliquer la situation, le fait que le monde a avancé jusqu'en 1989 pendant qu'il revivait indéfiniment son 22 février 1985. Il coupe la communication en parlant de canular... Il est fait pour s'entendre avec Franck, faudra qu'on les présente l'un à l'autre ces deux là, à l'occasion.

Pendant ce temps là Laul et Bill s'escriment sur les classeurs de Pharmabiotecorp. Essentiellement sur le classeur nommé "Portails". Ils galèrent un peu mais finalement ça finit par donner quelque chose: il y a 7 lieux nommés par des chiffres et des lettres mais sans Patrice Laffont, et la plupart de ces lieux sont localisés sur une carte:
- P.0 correspond à l'endroit de la grue. C'est juste l'accroche de la grue: on navigue jusqu'au portail et pof, le SM se retrouve en cale sèche.
- P.MNo est au nord de P.0, dans le lac. Il n'est plus accessible depuis le crash du cargo à magnétrine qui l'a soit détruit, soit rendu inaccessible.
- P.19.ÖÖ est à l'est de P.0, sur la même rive, proche de la ferme lunaire.
- P.BT² est proche de P.0 vers l'ouest. Il est annoté "site interdit" dans le classeur. Ça amènerait à un château d'eau... si c'est celui de la Comtesse, on comprend pourquoi il est interdit! N'empêche, ça pourrait nous faire un joli raccourci.
- P.19.76, au nord-est de P.0, celui là mènerait directement chez Pharmacorp. Si on trouve une bombe et qu'on ne sait pas quoi on faire, on pourra peut-être juste la déposer là en mode mèche courte... Le coin de la page 37-38 a été déchiré, pas de bol, c'était juste là que figurait le code d'accès à ce portail: "TU...", et il manque 3 à 6 lettres a priori. Personnellement je ne vois pas bien où on peut taper un code sur un immergé, depuis un sous-marin, alors que le mode d'emploi dit par ailleurs qu'il suffit d'arriver à l'aplomb, mais bon, on avisera quand on en sera là et qu'on aura trouvé le reste du code.
- P.HU, accompagné d'un tampon rouge "danger". Ce portail doit impérativement être évité, mais ce n'est pas si simple vue que... il se déplace tout le temps. Tiens tiens tiens, ça nous fait tous penser à certains cercles de 15m de rayon, y aurait-il un lien? Dans ce cas, tout ce qui a disparu est peut-être juste ailleurs? Espérons pour les grands-parents d'Eddy qu'il n'y ait pas trop d'amateurs de steak dans cet ailleurs.
- P.B.77: pas localisé, mais le nombre de pages qui lui sont consacrées est bien plus important que pour les autres. Finalement en creusant dans le texte, il apparaît qu'il mène à la ferme aquaponique, bassin 77. Plusieurs dizaines de pages décrivent une créature blanche qui vit dans ce bassin.
Il ressort des recueils d'infos que les portails semblent avoir été créés par chance par Pharmacorp, mais qu'ils se révèlent très utiles. Fonctionnement simplissime: il suffit de placer le nautilus à l’aplomb du portail pour être téléporté ailleurs. En tout cas c'est ce que Laul a compris, on verra à l'usage.

Nous décidons de partir explorer ces ailleurs dès cet après-midi.
Nous prévenons Franck, Ludo, Philippe de notre départ pour quelques jours d'exploration et camping. On se met d'accord sur le fait que le but réel de notre équipée est secret, mais finalement chacun lâche à peu près tout de son côté.
Laul dit à Denis qu'on va à la ferme lunaire. "J'ai réussi" répond ce dernier.
Bill et moi parlons à Agatha: Bill lui raconte nos vrais projets et lui promet tous nos efforts pour sauver son fils, tout n'est pas forcément perdu. Pour ma part je lui parle de Jean-Yves, lui explique autant que faire se peut la boucle temporelle dans laquelle il est enfermé, et lui demande de l'appeler tous les jours pour en savoir le plus possible sur lui, son contexte, ses projets, ses infos, sa vie... tout ce qui pourra peut-être nous servir pour l'aider à nous aider à aider Auroreville, son fils, la mise en échec de Pharmacorp...
Laul confesse à Franck notre projet d'utiliser le sous-marin, lui fait part de nos découvertes: Pharmacorp est toujours sur place, Biotech n'est qu'une couverture. Étrangement, l'évocation de Pharmacorp le transforme complètement: tristesse, limite prostration. Il coupe court à la conversation malgré tous les efforts de Laul qui maîtrise de mieux en mieux la rame et l'aviron, avec toujours autant de succès.

Tous nous exhortent à ne pas prendre de risques dans une zone aussi dangereuse. Nous faisons naturellement fi de ces avis et prenons le sentier de la grue. Les sacs gonflés de sandwichs et provisions diverses.

En chemin, nous décidons qu'un détour par l'affût du relais et la voiture noire s'imposent. Celle-ci trône en lisière de forêt, au milieu d'un cercle d'une trentaine de mètres de diamètre où ne pousse nul arbre ni buisson. Juste de l'herbe. Il s'agit d'une très vieille voiture, mais en excellent état. Une Hudson des années 20. La fouille en règle du véhicule révèle une corde de 10m, un portefeuille contenant une pièce d'identité au nom de Thomas Witherspoon, New York (Je le ssssssavais qu'on le reverrait!!!). Rien de plus pour l'instant, mais plein d'élucubrations sortent de nos cerveaux fumants: nos fameux disques du vide pourraient-ils être le fruit d'un portail qui télétransporterait non dans l'espace mais dans le temps? Le portail P.HU, marqué "Danger" dans les annales de Pharmacorp?

Arrivés à la grue, chacun vaque à diverses tâches. Eddy refait le niveau de liquide anionique, Laul subtilise le combiné du téléphone pour retarder le signalement de la disparition du sous-marin en cas de visite impromptue, Laul ré-inspecte les combinaisons, Bill branche la boîte noire dans le rack du poste de commandes. L'écran s'allume, une photo floue et mal cadrée de chat apparaît en fond d'écran. Laul reprend ses études ès poils pour essayer de déterminer si ce chat-model en a aussi laissés sur la couverture qui l'a tant passionné hier. Je le laisse à ses délires poilophiles et essaie de faire un tour des données disponibles sur le PC.
Un dossier "privé", avec plein d'infos sur des chats: des photos, des vidéos, des descriptifs, et comme une sorte d'"herbier" de poils de chats. Je le cache à Laul avant qu'il ne vire complètement dingue.
Et un dossier crypté qui me donnera pas mal de fil à retordre pendant plus d'une heure.
Bill commence déjà à manœuvrer, ça secoue un peu au début mais il attrape vite le coup. Eddy et moi sommes attentifs à ses manipulations et posons plein de questions: on ne sait jamais, s'il lui arrivait quelque chose, ce serait bien que quelqu'un soit capable de nous ramener à bon port.

Nous commençons à descendre: directement en dessous de nous, un cercle lumineux et des caractères "P.0" lumineux également. Ok, c'est le portail d'amarrage, on le contourne pour l'instant, c'est un peu tôt pour remonter en cale-sèche! Bill prend la direction de P.19.ÖÖ. Arrivé proche du site, il amorce une descente, toutes lumières allumées. Pas mal de poisson, eau plutôt claire. Enfin, limpide; pour la luminosité, à cette profondeur, heureusement que le nautile a des phares de compétition.
Nous repérons le pied de l'éolienne, la ferme, son antenne en forme de croissant. Entre les deux pointes, un rai de lumière qui les rejoint.
La ferme est complètement couverte d'une coque d'acier, dans le prolongement duquel une sorte de serre fait la liaison avec le pied de l'éolienne. Aucune ouverture visible.
La maison d'Alain Mandeur a disparu, mais le bassin à l'arrière est toujours là. Avec au fond un cercle lumineux, apparemment c'est lui qui fait office de portail. Au fond, des lettres: 19.PÖÖ. Des lettres? C'est bizarre, elles semblent s'animer, ressemblent soudain à un monstre des abysses, un léviathan... Des hallucinations, un effet des profondeurs, ou un truc vraiment bizarre à l’œuvre?
Bill descend encore un peu, à l'aplomb du bassin, encore un peu, puis il perd le contrôle de l'engin qui passe en pilote automatique. On descend, encore et encore. Puis on remonte. L'eau s'éclaire progressivement. Mais impossible de monter plus haut, nous sommes arrêtés par une sorte de plafond de verre.
Eddy nous dit qu'il a vu quelque chose par le hublot. Du genre énorme. Mais vraiment, vraiment énorme. Qui se déplaçait. Qui nous a ignorés et a continué son chemin, heureusement, mais nous sommes moyennement rassurés quand même. D'autant que maintenant, nous apercevons une scène surréaliste à travers le plafond de verre, ou de glace, enfin, le truc au-dessus: un géant, d'une bonne dizaine de mètres, en train de lancer des cadavres humains sur des personnages qui n'en mènent pas large... Mais c'est quoi, cet endroit?!? Bill rappelle à notre mémoire les histoires à dormir debout que nous avait racontées Alain, son aventure sur une île, comment déjà? Hebööz? D'où les deux "Ö" dans le nom du portail peut-être? Dans son histoire, il s'était échappé en traversant le "portail des enfers". Pas de doute, entre monstre marin et et géant sniper de cadavres, on ne doit pas en être loin de l'enfer. Ou de la folie, parce que ça ne paraît quand même pas bien sain d'esprit tout ça.

Nous retrouvons le portail et ressortons entiers et soulagés par le portail du bassin d'Alain. De retour dans notre lac à nous. On se sentirait presque chez soi, tout à coup, dans les ruines inondées d'Auroreville... Nous poussons un peu plus loin vers le centre, mais le portail P.MNO n'est manifestement plus accessible, l'épave du cargo recouvre une sacrée surface.
Un peu plus loin, Bill trouve finalement le P.BT², après pas mal de tâtonnements en pleine nature. Qui nous fait apparaître dans un grand hall, suffisant pour abriter notre navire au bord d'un quai.

Pendant qu'il tournait en rond, je me suis replongé dans l'analyse du dossier crypté. Avec quelques débuts de résultats, mais il faudra y passer encore un peu de temps pour arriver à quelque chose de plus complet. Pour l'instant je comprends que Pharmacorp n'a jamais quitté Auroreville, mais ça on s'en était déjà un peu rendu compte. Qu'ils ont volontairement saboté une expérience du Loop pour inonder le cyclotron, ça aussi c'est un sacré scoop. Qu'ils n'ont jamais renoncé à capturer la créature blanche de la ferme aquaponique. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien lui vouloir à c'te pauvre bête?

Bill termine ses manœuvres, nous mettons tous la main à la pâte pour bien amarrer le SM (ce serait dommage qu'il reparte sans nous), avant de débarquer sur le quai. Un panneau "La Comtesse", une clé de fontainier, un ponton perpendiculaire au quai, et quatre ouvertures donnant chacune sur un souterrain plus ou moins long avec quelque chose au bout.

1- un bureau carrelé en piteux état, avec quelques feuilles gorgées d'eau au sol, deux bureaux, un vieux calendrier Pharmacorp de 1983 a mur, deux armoires métalliques complètement vides. Visiblement un site désaffecté de Pharmacorp.
Tout à coup, une voix. Qui vient de derrière la porte (qui est grande ouverte, plaquée contre le mur). Quand on la referme, on voit une autre pièce dans la vitre. On rouvre: juste le couloir caverneux sombre. On referme: cette autre pièce. Enfin, non, en regardant mieux: la même pièce. Celle où nous sommes. Mais propre, en état, avec des dossiers dans les armoires, du matériel sur les bureaux. Et un type au milieu. Qui nous interpelle. Avec la voix de Jean-Yves. Aucun doute possible, c'est Jean-Yves Pasquier!
En face à face il est plus facile de le convaincre qu'à travers une CB, que quelque chose ne colle pas dans la chronologie. Je lui montre quelques objets datés (ma calculatrice-niveau-à-bulle-mètre-ruban-boussole avec sa mention publicitaire Les Meilleurs en 1989, les dates de péremption de différents items que nous portons (ma trousse de secours, les aliments lyophilisés tirés de nos sacs...) finissent par le convaincre qu'il est effectivement resté coincé quelque part dans le passé. Après un moment d'abattement dont il se relève avec une combativité digne d'être mentionnée ici pour la postérité, il sort un classeur et nous dit qu'on peut l'aider à sortir. Une page décrit tout un processus parlant de portes scellées et de misoirs brisés à rayer et rebriser des deux côtés et d'une préparation chimique et plein d'autres détails auxquels je n'ai rien compris. A voir la tête de mes camarades, je ne suis pas seul sur ce coup là. On décide de noter scrupuleusement les ingrédients du mélange, quand déjà on les aura rassemblés il sera temps de lui redemander plus précisément quoi en faire:
- 4 cl d'alcool à 70 % vol, pas trop compliqué à se procurer
- 18 cl d'eau chauffée à 47°C, ça devrait aller, il y a des instruments de mesure dans le bathy, ce serait bien le diable qu'il n'y ait pas un thermomètre
- 3 gouttes de phénolphtaléïne, il nous semble en avoir vu aussi dans les réactifs du labo-entre-deux-eaux
- 20 g de diatomée, ça d'après les souvenirs des classeurs de Laul et les miens des dossiers du PC, ce serait une algue présente en grande quantité dans la partie ouest du lac.
On lui promet de faire tout notre possible, il nous fait re-promettre aussi de prévenir son Adrienne qui s'appelle Christelle, il nous raconte un peu sa vie mais refuse catégoriquement de nous transmettre des infos sensibles sur les méfaits de Pharmacorp, qu'il voit un peu comme son assurance-vie pour se tirer de leurs griffes.

2- Un couloir qui aboutit à une borne marquée "PMP" et dotée d'un écrou qui doit s'actionner avec la clé de fontainier. Pas de bol, c'est Eddy qui la porte et il a décidé de faire cavalier seul dans un autre souterrain. Plus loin au sortir de ce souterrain, une combe encaissée où Bill et moi trouvons une fontaine dont émerge une roche brute, d'où coule l'eau qui alimente la fontaine et soulève une pierre noire sphérique de 15 cm. Nous la prenons avec précaution et une paire de gant, l'emballons dans mon k-way avant de la déposer dans le sac de Bill. Sinon, des chatons de châtaignier en pagaille au sol qui se comportent comme des chenilles, pour perdre toute activité, tout mouvement après le retrait de la pierre, des tas de feuilles mortes qui s'envolent comme des papillons, je ne sais pas ce qu'il y avait comme psychotropes dans l'air conditionné du sous-marin mais leurs effets semblent durables, après les lettres-léviathan, les géants lanceurs de macchabées, voilà les chatons-chenilles et les limbes-papillons, qu'est-ce qui peut encore nous attendre?

3- Eh bien c'est Laul qui va nous le dire, il en tient une bonne lui aussi: après nous avoir quitté à la borne "PMP" pour bifurquer à droite, il est tombé sur une porte verrouillée. En l'ouvrant avec le porte-clé "sous-marin-jaune", il se trouve nez à nez avec une créature humanoïde à tête de chien qui lui dit s'appeler Nemaruk et attendre quatre aventuriers pour remplir une mission confiée par un certain Porfos... Il claque vivement la porte puis tente de la rouvrir avec la clé "bouée", là un type à qui il arrive tout juste au niveau du thorax lui demande d'une voix métallique: "Sarah Connor?" Heureusement, il n'a pas d'autres clés sur lui.

4- Eddy nous revient avec des choses un peu moins drôles à raconter. Il a décidé de partir dans le couloir de gauche, celui d'où émanait une odeur nauséabonde. Sans réelle surprise l'odeur de charogne ne l'a pas mené à une échoppe de fleuriste, mais à un lieu à moitié inondé où un corps complètement décomposé n'était plus identifiable que par le nom sérigraphié sur son uniforme: Christelle Pasquier. Bon, ça nous fera au moins un sujet pour la conversation avec Jean-Yves, mais pas tout de suite peut-être. On va déjà essayer de le sortir de là, après on avisera.
Tiens, puisqu'Eddy est là, je récupère la clé de fontainier pour aller manœuvrer l'écrou de la borne "PMP": un bruit de moteur, justement du côté d'où revient Eddy. Ils y retournent tous les trois pour constater que le mécanisme a activé une pompe qui évacue l'eau... mais ce faisant ouvre la voie à des rats bien agressifs. C'est Eddy qui en fait les frais, alors qu'il s'était engagé dans l'eau jusqu'aux genous (joujous chous hibous, j'ai pas tout oublié de l'école) pour sonder et voir s'il n'y avait pas mieux à trouver ici - pour que Christelle y ait risqué sa vie, il devait bien y avoir un enjeu. Bref, il ne parvient pas à sortir de la flaque assez vite pour échapper à quelques morsures. Nous voilà bons pour un petit épisode de peste noire, leptospirose, salmonellose, au choix; on ne devrait peut-être pas trop traîner à rentrer au camp consulter notre Dr Philippe sans attendre les premières fièvres.


Dernière édition par fpierrat le Lun 11 Mar - 22:43, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeLun 11 Mar - 21:15

Minuit. On est maintenant le 10/07/1989. Un petit casse-dalle, un tour de clé de fontainier pour lancer la pompe et assécher la flaque pendant notre sommeil, deux armoires empilées pour éviter que les rats n'en profitent pour sortir et nous attaquer, et au dodo.
Laul et moins installons nos appartements dans le sous-marin, Bill et Eddy dans le lit de chatons de châtaignier près de la fontaine.

Laul dort peu et mal, sa morsure à la cheville prend une mauvaise tournure. Séquence désinfection avec ma trousse de secours.
Au matin Bill voir une petite branche céder sous le faix d'un oisal pourtant pas bien lourd, et tomber dans l'eau de la claire fontaine (c'est beau, on dirait du Brassens!): elle flotte un moment, puis semble prendre vie, comme un petit phasme. Elle se met à onduler et nage de la sorte jusqu'à la margelle. Elle y monte, mais perd toute velléité d'animation dès qu'elle sort de l'eau, pour redevenir la petite branchouille inerte qu'elle n'aurait logiquement jamais dû cesser d'être.
La curiosité à vif, il essaie de trempouiller un autre bâtonnet: même chose. Puis son doigt: ça mouille. Mais rien de plus grave a priori.

Pendant ce temps au sous-marin, je crée une torche avec un t-shirt, la clé de fontainier et de l'huile tirée des réserves courtesy of Biotech. Armé de ce chasse-rats improvisé, Laul tente de voir s'il peut mieux atteindre l'objet qu'il tentait d'approcher hier: la boue est un peu moins profonde mais beaucoup plus épaisse qu'hier, ça reste compliqué. Bill et Eddy arrivent sur ces entrefaites avec la première armoire, je repars avec Ed chercher la seconde, nous en faisons une sorte de pont flottant. Pont coulant serait plus approprié. Pont à l'aide duquel Laul parvient à toucher l'objet: l'angle métallique d'un truc lourd. Une cantine en fer, quelque chose comme ça. Après bien des efforts de terrassement dans la boue, il arrive à le dégager suffisamment pour le basculer dans la première armoire, puis le hisser avec l'aide d'Eddy dans l'autre armoire, puis sur la terre ferme. C'est bien une bonne grosse cantine, de 80x50x40 cm environ. Avec un gros cadenas à 5 chiffres qui résiste à tous nos efforts et outils de fortune.

Laul va se désembouer dans la fontaine (qui n'est plus très très claire après ça), il accroche sa petite lessive et enfile quelques fringues de rechange. Pendant ce temps, nous allons faire un brin de causette à Jean-Yves. Après la séquence "reboot" quotidienne (qui êtes-vous, comment connaissez vous mon nom, on ne s'est jamais parlé, si, si Jean-Yves, c'était hier mais pour toi ce sera un peu plus tard dans la journée d'aujourd'hui qui est la même qu'hier, etc...), JYP nous enjoint de ne pas toucher à la cantine. Sa cantine. Bon, visiblement on a dû trouver son pot aux preuves.

Dès que Laul sent moins mauvais, nous nous entassons à nouveau dans le sous-marin et repartons. Il est urgent de trouver un médecin à Laul, la morsure n'est pas d'apparence très rassurante. En chemin, nous sommes bousculés par une masse immense, et déviés vers un portail qui n'est pas le P.0 que nous cherchions à atteindre. Ce portail est en forme d'étoile à cinq branches. Il nous attire, nous aspire même. Mais au dernier instant il se déplace et nous manquons de nous écraser au fond du lac. Bill parvient tout de même à nous poser, au milieu d'un nuage vert. Le bras articulé et ses instruments de mesure nous indiquent qu'il s'agit de diatomée. Cool. Nous prélevons la quantité requise pour Jean-Yves - les instruments du sous-marin font tout le boulot, il est vraiment bien équipé ce petit engin.

Petite remontée en surface pour faire un point localisation: nous émergeons près d'un "moomie", à l'extrême ouest du lac. Les moomies vues depuis le bord nous semblaient des sphères d'un mètre de diamètre flottant à la surface; il s'agit en fait d'un genre de gélule de 4 mètres de haut dont seul le mètre supérieur est émergé, façon iceberg. L'ordinateur l'identifie et nous demande si on veut se connecter. Les bras se connectent à des emplacements prévus pour, et nous voyons des tableaux se remplir de dizaines de lignes de données à l'écran. De ce que nous en comprenons, le taux de spores rouges a encore augmenté, et il s'agit de spores volatiles. Elles sont mesurées dans l'air, pas dans l'eau.

Je prends les commandes mais ça ne se passe pas comme prévu et Bill a vite fait de les reprendre... non seulement ils ne sont pas joueurs, mais en plus il n'est pas prêteur. Le monstre n'arrête pas de rôder dans les parages, au moins si on se fait bouffer ils ne diront pas que c'est moi. Quand ce n'est pas le monstre qui chahute le SM, c'est le portail aléatoire qui se place sur notre chemin, puis un tourbillon qui nous emmène complètement ailleurs. Bill fait ce qu'il peut, ça prend un moment et pas mal de détours, tellement longtemps que finalement Laul a même le temps de se remettre: ses blessures n'ont plus l'air si terribles que ça, soit son système immunitaire a repris le dessus, soit c'est son bain dans le bassin qui a eu un effet bénéfique... la question demandera à être creusée. Du coup on renonce à l'idée de lui trouver un médecin, on vérifie qu'on a bien tous les ingrédients de la préparation pour libérer Jean-Yves sous la main, ce qui est le cas. En cherchant de la phénolphtaléine, Laul tombe sur une cachette, un double fond à l'arrière d'un placard, verrouillé mais qui s'ouvre avec la clé "sous-marin-jaune". Dedans un carnet, une centaine de pages manuscrites. Le logo du Loop suédois en filigrane sur chaque page. Le carnet s'adresse à Vredny et il a été rédigé entre mars 1985 et février 1989 pour les dernières entrées. Toujours la même écriture. Des références à des documents que l'auteur accumule depuis 15 ans. La sélection de pages aléatoires que nous survolons nous apprend que Pharmacorp profite d'être la seule entité autorisée sur le site (enfin, sous sa couverture Biotech) pour mener des expériences dangereuses. Que Pharmacorp est responsable de l'inondation. Que JYP et Christelle ont tenté d'y faire échec, mais l'auteur n'a plus de nouvelles d'eux depuis le 23/02/1985. Que Pharmacorp utilise un cryptage Vigenère pour ses informations les plus sensibles, dont la clé est diffusée via des calendriers. Une double page attire notre attention par l'incongruité de sa date (1980) et de sa prose mystérieuse.

Cinq ans plus tard Carnet10


Ayant bien tous les ingrédients et n'ayant plus d'urgence à consulter un médecin, nous retournons au château d'eau de la Comtesse. Nous nous employons à préparer la recette et appliquer la procédure, rien de bien compliqué finalement: il "suffit" de détacher le miroir de la porte, de le retourner sur une table et de rayer la couche réfléchissante arrière en traçant les marques qui rappellent là où il a été brisé. Puis une fois ces marques visibles sur le côté face, reproduire la même opération de ce côté. Le problème, c'est qu'on ne raye pas du verre avec l'ongle, ni même avec nos couteaux de poche... Eddy se souvient avoir vu une alliance au doigt... non, à la phalange de Christelle... pas très fun comme quête, mais on va la chercher quand même, il n'y a pas vraiment d'autre joaillerie dans le coin. L'alliance est bien ornée d'un diamant, qui raye bien le verre ainsi qu'il est requis. Mais en dissimulant l'objet à Jean-Yves, ça complique sérieusement la manipulation. Ceci dit, comme Jean-Yves est occupé à préparer un sac pour son départ, en tirant des aliments d'un distributeur, des documents des armoires, finalement, ça passe sans encombre. Dès que nous pensons que les rayures sont comme elles devraient, nous versons la préparation dessus, elle se répartit le long d'y celles. Le miroir commence par s'éclairer d'un éclat peu naturel avant d'exploser en éclats plus conventionnels. Un bras surgit du bureau où était posé le miroir, puis un autre, puis c'est Jean-Yves tout entier qui se hisse hors du... hors de... Hors de plus rien en fait, tout ce qu'il reste c'est un bête bureau et plein de bris de verre.

Le premier point abordé par Jean-Yves une fois à nouveau dans la vraie vie, c'est Christelle, comment et pourquoi il faut qu'il la contacte rapidement... Bon, c'est pas tout ça, Jean-Yves mais faut qu'on te cause. Assieds-toi, ça sera mieux, oui. Voilà, tu es bien calé, là? Alors voilà, Christelle, comment te dire. Non, ce n'est pas qu'elle soit partie, elle serait même plutôt restée, enfin, elle y est restée quoi... Bon, le plus simple finalement c'est peut-être qu'il se fasse une idée par lui même, allez, suivez le guide...
Comme prévu, c'est l'effondrement. Mais encore une fois, il se reprend vite. Il examine ce qu'il reste de sa douce et nous montre un petit trou qui nous avait échappé sur le côté du crâne. Apparemment, c'était une noyade par balle.
A sa demande on le laisse se recueillir et on retourne sur le quai. On jette aussi un œil sur ce qu'il a ramené de 1985. Notamment un calendrier de 1985 dont le premier mai porte la mention NRHR GU MZOIIVS. C'est bon, j'ai pris le coup, je trouve assez vite que la clé du Vigenère est cette fois "INONDATION". Ben voyons.

Jean-Yves réapparaît. Abattu, mais résolu. Plus que jamais décidé à faire tomber Pharmacorp. A les voir rendre gorge devant les tribunaux. Pas question de nous montrer ses documents. Pas confiance. Sympa... Nous échangeons néanmoins quelques infos avant de partir. Il connaît Denis (encore un rude coup à prévoir quand il va voir ce qu'il en reste). Il pense que notre carnet a été écrit par Denis. Il refuse de partir avec nous, il quittera ce lieu quand il pourra emmener avec lui sa femme pour l'enterrer et sa caisse qu'on a eu tant de mal à déterrer. Ok, alors on va faire comme ça, on part sans lui avec le bathyscaphe, on reviendra par voie de terre, il y aura bien un moyen pour rétablir l'ouverture condamnée au bout de la passerelle de la salle du quai. On se met d'accord sur un code, si on tape 3 grands coups c'est viens plus près on veut te parler. 5 coups c'est plutôt planque toi ça va péter !!!
Impossible de partir, le portail ne marche pas. On remet la pierre noire à sa place dans la fontaine et là, miracle, le passage s'ouvre. A retenir, faudra voir si ça neutralise juste ce portail, ou tous les autres aussi. Parce qu'à la fin de l'aventure, ce n'est pas dit qu'on voudra qu'il en reste beaucoup d'ouverts.
Une fois dans le lac, une créature passe dans le champ de vision de nos hublots. Bill est sûr d'avoir reconnu la créature blanche de la ferme aquaponique et la suit. Elle nous entraîne de plus en plus profond dans le lac. Devant nous, un dôme étrange, rose transparent, pas très loin de l'ancienne gare et de notre repaire de gamins. Si on avait pu imaginer qu'on le verrait un jour en vue d'avion. Et depuis un sous-marin, encore! Une partie des bâtiments de Pharmacorp et la maison de Jean Pierre Tellano sont sous le dôme rose.
Arrivés au portail P.19.76, le nautilus passe en mode auto, l'ordi demande un mot de passe. On sait qu'on doit trouver un six-lettres commençant par TU. Mais pas de champion de mots fléchés parmi nous, la seule proposition émane de Laul, c'est TULIPE. Il essaie, une alarme retentit, le sous marin est rejeté et repasse en mode manuel.
Bill et Laul aperçoivent à nouveau la créature blanche. En la suivant, Bill traverse par inadvertance un portail qui surgit soudainement juste devant nous. Trop près, trop vite, pas moyen d'esquiver, rien à faire, on est passés de l'autre côté...

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fpierrat




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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMar 19 Mar - 21:29

[Episode 6]

11/07/1989.
Mystère 3: déclin du jour, extrapolation

Derrière le portail, le sous-marin en mode auto monte, monte, monte, ralentit, s'arrête. Petit mouvement de houle. Nuit noire. En dessous: le portail est marqué P.B.77.
Bill allume tous les feux: nous sommes dans un bassin de la ferme aquaponique. Juste à côté du hangar avec un dôme de verre, où il y avait eu pas mal d'action dans d'autres temps, d'autres aventures. Si nos souvenirs cartographiques sont bons, nous sommes sortis de la zone interdite.
Après une exploration très sommaire (pas de danger détecté), plantage de tente, cassecroûtage et couchage, il est presque deux heures du matin.
Dans la nuit des bruits de mouvements et même de voix nous réveillent. Dans la tente. Enfin, réveillent Ed et moi, les autres restent complètement dans les vapes. Un petit singe s'est introduit dans la tente et apprécie en connaisseur le chocolat tiré du sac de Laul. Dans l'affolement et sans connaître au départ son degré d'agressivité ou de dangerosité, je le maîtrise pas violemment mais presque. Disons physiquement. Le pauvre petit capucin exprime son désaccord avec une éloquence qui ne manque pas de nous surprendre: la bête est douée de la parole. Enfin, jusqu'à ce que je lui confisque nos yourtophones qu'il nous avait piqués: plus de son, juste l'image. On lui rend: il cause à nouveau. Magique!
Entretemps les autres ont fini par se réveiller. Nous interrogeons de concert notre nouvel ami (enfin, cette amitié demande un petit supplément de chocolat pour s'affirmer, quand même), qui nous apprend deux-trois trucs. Il vient de chez le Dr Moreau. Il y a plein d'autres animaux partout, dont certains sont dangereux. Il y a aussi des hommes méchants. Difficile de savoir s'ils sont vraiment méchants ou s'ils ne donnent juste pas de chocolat.

12/07/89
A l'aube, notre autre connaissance la créature blanche saute de bassin en bassin. Elle mesure quatre mètres, c'est bien plus que dans nos souvenirs. Elle a dû grandir, ou nos souvenirs réctrécir. Elle est aussi moins immaculée que dans nos souvenirs, elle a pris une petite teinte rosée. Sur une super idée de Bill, nous l'appellerons Flumff. Sur une moins mauvaise idée du même Bill, nous engageons la conversation à travers le yourtophone, et ça marche!
Flumff -oui, je sais, je n'y suis pour rien, vous en causerez à Bill- nous demande de l'aide. Il nous raconte aussi comment il est arrivé ici: ses premières visions de ce monde représentent l'intérieur d'une sorte de sphère, close (la description nous évoque le mystérieux mais non moins rigolo D12). Puis beaucoup de lumière quand quelqu'un l'a ouverte: un enfant, qui l'a transportée ici. Elle vient d'un autre monde et se meurt petit à petit depuis plusieurs semaines en raison de spores rouges toxiques pour elle. Elle connaît ces spores, qui existent aussi dans son monde, et sait même comment les supprimer. Il suffirait de brûler les bouses d'un animal dont la description évoque un vélociraptor.
Cinq ans plus tard 1280px-Velociraptor_skeleton_white_background
En gros, elle nous demande de brûler de la merde séchée dont les fumées doivent tuer les spores. Mmmmh, réjouissant.
Elle a également une seconde requête: nous sommes invités à empêcher de la capturer les "méchants" qui s'y emploient depuis des années, et surtout à les empêcher d'accéder à la sélénitine. Cette "pierre blanche", tout comme l'onyxine que nous désignons comme la "pierre noire" sont toutes les deux issues de son monde, Thogol'th.
Elle-même est un Ghobol'th, nous sommes des Bhip'th, et le vélociraptor (ou Vhoulip'th) vient lui aussi de chez elle.
Fin du flash infop'th, nous redescendons sur Terrp'th et poussons un tout petit peu plus notre exploration de la veille. Le hangar ne nous offre pas grand chose, à part une hache au fer rouillé jusqu'à l'os et au bois pourri jusqu'à la moelle qui n'en retient pas moins tout l'intérêt de Laul (il passera une bonne heure à échouer à en faire quelque chose d'utile, de dépit il la fourre dans son sac à dos, on ne sait jamais, ça peut toujours servir...)
Pendant ce temps, Bill, Ed et moi parvenons à bricoler le générateur (déjà bricolé à l'époque par Derek, dans l'entrée du hangar) et à mettre le sous-marin en charge. On ne sait pas si ça va être efficace, mais ce sera toujours mieux que rien, la jauge indique qu'il ne reste plus que 25% d'autonomie.

Direction le D12, après avoir caché l'unité centrale du sous-marin pour pallier toute déconvenue. Sur notre chemin, le bâtiment que nous avions à l'époque surnommé "le stick de rouge à lèvres". Il a été rattrapé par la rouille, la végétation empiète. Laul y prélève une gourde d'eau dans le bassin central.
Au loin la tache sombre aperçue il y a quelques jours depuis le relais. Petit détour pour voir ça de près. Sans Sticky qui refuse d'approcher. Ah oui, Sticky, c'est le nouveau blaze de notre petit capucin. Je ne sais pas qui a trouvé le nom mais ça craint carrément moins que Flumff! Ca fait peur, quand même, de se dire qu'un jour il aura peut-être un gamin, Bill: si c'est son père qui lui trouve un prénom, il est part mal dans la vie le pauvre gosse!
Bref, Sticky ne veut rien savoir, on le laisse derrière et on s'approche. Surtout Bill. Il lance un cailloux (si, si, il y a un x, comme un choux ou un genoux, ça y est ça m'est revenu, je crois que j'ai inversé l'autre fois!). Le cailloux disparaît. Sans laisser de trace. Dans le troux de 30m de diamètre où il n'y a plus rien du toux.

Finalement nous sommes au D12. La trappe de la face supérieure est ouverte, nous trouvons dedans un énorme livre ouvert sur une carte d'Auroreville. Avec un point noir au même endroit que le trou noir. Le point est étrange d'ailleurs, sur la carte: ce n'est pas un point, mais un trou. Oui mais un trou bizarre. Un trou qui traverse bien la au recto. Mais quand on tourne la page, pas l'ombre d'un trou au verso.
Le vent fait tourner les pages et sur la nouvelle page, la carte est la même mais le point -ou le trou- n'est plus au même endroit.
Ce serait donc ça l'explication des disques vides? Un trou sur une page d'un livre que le vent feuillète? Il faudra aller vérifier si le troux au cailloux a bien disparu et laissé place à une aire d'herbe rase, et la boucle sera bouclée. En attendant, on referme bien le livre, on le lie fermé et on le fourre au fond d'un sac à dos.
Puis on fait mumuse avec le dé 12. On essaie rigoureusement toutes les faces et on trouve, en vrac:
- un petit d12 (qu'il faut lancer pour modifier les positions des face du grand D12 et accéder aux faces inaccessibles),
- une piscine à boules,
- un petit géridon avec un petit naperon avec un petit téléphone rouge avec un gros bouton rouge et qui répond "Boucherie Sanzot",
- une face dans laquelle chacun voit ce qu'il veut, genre miroir du Rised (Eddy une vache disparue de chez ses grands-parents, Bill un parterre de groupies qui hurlent "Laaaaaauuuul" comme d'autres crieraient "Patriiiiiiiiiiick", moi des schémas électrique de quelque choses que j'identifierais peut-être comme un téléphone portable si j'avais l'audace d'imaginer qu'un truc pareil existerait un jour, et Bill un clair de Terre vu de la Lune)
- une échelle que Laul descend, encore et encore et encore, jusque dans un labo étrange où il arrive à peine à échapper à deux êtres étranges et inquiétants. Quand il parvient à refaire surface après des kilomètre de remontée d'échelle, il a de la poussière rouge plein les mains et les genoux... serait-ce la source des spores?
- une valisette orange avec un pistolet d'alerte et 4 cartouches fumigènes
- un caillou d'onyxine
- un oeuf avec une petite excroissance -> j'embarque, ça doit être un oeuf de licorne !
- un chat qui surgit, saute et s'enfuit
- une case vide
- une projection d'un film starring nous quatre dans un sous-marin. Un zoom fort à propos sur l'écran du PC me permet d'identifier 2 fichiers que je décrypte presqu'à la volée: une note interne Pharmacorp datée du lundi 25/02/85: "appel à témoins, un couple d'employés estporté disparu depuis ce matin" et une seconde note, une heure plus tard: "A partir de cet instant le site de la Comtesse est interdit sous peine de licenciement immédiat."

Nous repartons. Détour sur le chemin pour contrôle, mais nous étions tous sûrs du constat: le trou noir a disparu -ou le sol es tréapparu, comme vous voulez. A sa place, un disque d'herbe rase de diamètre 30 m. Pas mécontents d'avoir neutralisé le phénomène, reste à voir ce qu'on fera du livre pour stopper ça définitivement.
En direction de chez le Dr Moreau, près de la carrière de Max, un robot qui a l'air de tourner en rond sur quelques mètres. Buggé? Planté?
Un peu plus loin, un petit avion, 6 places max, qui vient dans notre direction. Il largue une caisse et continue sur sa lancée. Nous estimons le point de chute et nous précipitons. Deux personnes sont déjà là, qui attendaient maniestement la livraison. Ludo et Irina. Alors que nous approchons furtivement, discrètement, dans le silence le plus absolu dont nous soyons capables, Ludo détecte notre présence. Faudra encore qu'on travaille notre furtivité. Irina est en train de parler à un interlocuteur qu'on ne voit pas. Il s'agit d'une transmission radio, et Laul reconnait la voix Sarah Takova. Il switch d'un coup d'un seul du mode parano qui était le sien depuis le début vers un mode over-confiant qui nous inquiète au départ, mais finalement il semble avoir raison, Ludo, Irina et Sarah ne semble pas devoir être vus comme des ennemis ou des menaces. Il leur balance tout de même un peu plus d'info qu'il ne nous eût paru raisonnable mais pas moyen de le freiner.
Nous récoltons quelques infos au passage: Richard Dessange a travaillé au Loop avant de prendre la direction de Pharmacorp, c'était même le chef de service de Sarah. Il avait déjà monté tout un système de codages et de cryptages lié à des calendriers, ça semble une manie. La caisse larguée contenait, de ce que nous en voyons: 1 radio, une mallette allongée (imaginons un fusil), une caisse de vivres, une mallette médicale, une sacoche de documents, deux gros sacs à dos, une pelle, deux combinaisons de plongée et six bouteilles. Ils ont eu des indicatios leur enjoignant de trouver sous l'eau un dôme, leur priorité est d'y pénétrer, la solution s'y trouverait.

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fpierrat




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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeJeu 28 Mar - 12:33

11/07/1989  [21/03/2024]

Avant de mettre fin à la communication, Sarah nous apprend encore :
- que le seul accès à la ferme lunaire est l'éolienne, et qu'un pass magnétique est nécessaire
- que le dernier rapport de Denis remonte au 5 mai. Elle aurait dû recevoir le suivant le 4 juin mais ne l'a jamais reçu. Ce qui la déroute est que Denis n'aurait pas dû pouvoir faire d'autre expérience entre ces deux dates puisque la fenêtre de tir correspond à la nouvelle lune. A-t-il tenté un nouveau protocole? Modifié les paramètres? Ou carrément tenté une expérience différente? Sans en avertir sa hiérarchie. Tout ça la laisse pas dubitative, mais presque, comme disait Coluche. Non, c'est pas ça qu'il disait Coluche? Nous lui demandons (à Sarah, Coluche nous a quittés il y a 3 ans) si un phénomène astronomique ou autre aurait pu changer les données du problème (éclipse lunaire par exemple).

Nous aidons ensuite Ludo à porter la caisse, la radio, l'étui que nous identifions comme contenant un fusil, et le reste, enfin tout quoi, à l'empiler au mieux dans la caisse et à enterrer celle-ci afin de la cacher pour le moment.
Ludo et Irina nous accompagnent jusqu'à l'étang de la Comtesse pour nous aider à trouver un moyen d'ouvrir de l'extérieur la porte condamnée, ou a minima d'identifier le matériel nécessaire pour y parvenir. Mais nous ne trouvons jamais le château d'eau. Bill trouve une combe qui pourrait être celle de la fontaine, mais elle ne répond pas vraiment aux conditions d'extraction requises pour Jean-Yves et la dépouille de sa femme et sa cantine. Nous remettons les recherches à plus tard et poussons en direction de chez Moreau en espérant qu'il saura nous renseigner sur le sujet. Nos deux amis quant à eux reprennent la direction du campement.

Sur le chemin, Sticky se met à boîter lourdement d'un postérieur. Nous constatons que c'est un membre biomécanique qui déconne, à l'aide d'Ed et d'outils divers (essaie de répéter ça dix fois sans fourcher!) je démonte, un bon coup de chiffon par là-dessus et après remontage ça repart: j'identifie la même substance rouge liquido-visqueuse que j'avais déjà trouvée sur le petit Nono quand il commençait à ne plus fonctionner très bien. Ce sauvetage n'était cependant qu'un micro aperçu de ce qui nous attend lorsque nous arrivons finalement chez le Dr Augustin Moreau. Le vétérinaire est en trait d'assurer le même genre de SAV sur un singe et tente d'organiser au mieux le traitement de la catastrophe: tous les animaux ayant une partie biomécanique sont concernés. Nous proposons notre aide qu'il accepte volontiers. Il demande à Bruno de nous installer (comprendre: jeter nos affaires en coup de vent) avant de nous mettre au boulot et de nous occuper d'une bonne dizaine de singes.

Nous sommes enfin invités à partager leur repas au réfectoire où nous faisons connaissance avec les membres présents de l'équipe. Bruno, style hippie qui nous a accueilli, Guy (surnommé Pierrot, qu'on ne me demande pas pourquoi, je n'ai pas non plus pensé à le lui demander...) au look geek et fan de l'OM, et Eliane alias Lily, jolie étudiante de 23 ans, on ne va pas pouvoir tenir Laul très longtemps, il commence à baver, ça en devient gênant...
Le lever étant prévu dès 6h pour continuer à traiter le reste des animaux, nous nous couchons tôt. Y compris Laul, qui malgré plusieurs douzaines de tentatives tout en finesse dignes d'une nomination au guinness de la subtilité, est invité à se la mettre sur l'oreille et à dormir sur la béquille.

Mercredi 12/07/1989

Réveil à 6h. Laul file prendre une douche et un bain de déo, si avec ça ce n'est pas dans la poche...
Nous évoquons avec Moreau les spores, persuadés qu'elles sont en lien avec le problème du suintement rouge des articulations biomécaniques. Il sait d'où elles viennent et serait reconnaissant à qui pourrait en arrêter la prolifération. Il nous montrera un peu plus tard dans la matinée, aux jumelles depuis son balcon, que le pied de l'éolienne en est littéralement couvert, l'infestation semblant sortir d'une bouche d'aération à mi-hauteur.
Nous nous occupons du soin des lynx le matin avant d'avoir droit à une visite complète du domaine. Chiens, chats, chevaux, ânes etc en liberté dans une grande partie nord et est. Enclos adaptés aux autres animaux sur le reste de la surface disponible: singes, loups, lynx, tortues, serpents (l'enclos est prêt pour une arrivée prochaine, vide pour l'instant), perroquets (conures à tête jaune), un auroch, un phasme (de 3 m.! malade, limite mourant depuis quelques semaines). Blue, notre vélociraptor-cible, occupe seul l'île reliée au domaine par un pont suspendu. Quelques bâtiments (réfectoire, logements, maison d'Augustin, bureaux administratifs, labo...).

Au repas, Laul remarque que Lily ne se sépare pas d'un carnet. Johanna est en charge de Blue, elle nous indique qu'il faudra y aller très tôt le matin pour récupérer sa "production": 4h, 4h30 max, histoire de pouvoir l'endormir avant son réveil. J'aime assez le concept, endormir quelqu'un dans son sommeil... Pierrot lui n'a que deux sujets de conversation: les animaux et l'OM.
Bruno emmène Bill à la cibie pour contacter Charles Benneix au camp. Il apprend que le château d'eau est condamné, enfoui sous 5 m. de terre au moins.
Pierrot me fait visiter un grand bâtiment central abritant une grande salle de soins: chirurgie/mécanique/usinage. Nous y prenons le matériel nécessaire avant de nous rendre dans le secteur cybernétique où je vais l'aider dans ses tâches quotidiennes.
Lily va soigner l'auroch et le phasme, Laul littéralement collé à ses basques. Il a eu la présence d'esprit d'emmener le yourtophone pour essayer de faire parler ce dernier sur le mal dont il souffre, mais il est trop mal en point pour répondre, il arrive à peine à respirer. De dépit et pour épater quand même Lily, Laul commence à vouloir faire un peu n'importe quoi: sortir Myosotis, notre ami l'archéoptérix, faire un tour en volant sur son dos... Lily prend peur et va même avertir Augustin, qui monte d'abord sur ses grands chevaux, puis finalement sur Myosotis avec Laul en croupe. Laul aura finalement mieux réussi à convaincre le véto pour monter sa bête que sa stagiaire(*). En tout cas pas question de voler seul. Survol de l'étang de la comtesse et des environs.
Bill et Bruno s'occupent d'étriller et monter les chevaux pour les détendre. Bruno s'avère dingue tant de musique que de technologie et d'astronomie.
Je confie mon oeuf (de licorne?) à Johanna qui après l'avoir miré, ausculté, scanné, l'estime vivant et accepte de lui attribuer une place dans une couveuse. Sans pouvoir m'en dire plus sur l'espèce pour l'instant.
Nous allons ensuite tous ensemble essayer de ressusciter le phasme en lui donnant de l'eau de la fontaine du fond de la combe du château d'eau de l'étang de la comtesse (comptez pas ça fait 8 ). Si cette eau donne vie à des branches mortes, elle doit bien pouvoir ré-insuffler un peu de vie à un à phasme pas encore complètement mort. C'est bien ce qui se produit, il se réveille, il bouge, il mange même.
S'ensuit une discussion: Moreau veut naturellement connaître la source de l'eau. Quand on lui parle de la fontaine, demande à y aller faire des réserves. Quand on lui raconte que notre seul accès est par sous-marin:
- il nous donne un bout de page déchiré sur lequel figure un croquis de sous-marin et 4 lettres "XEDO", qu'il avait gardé sans savoir à quoi ça pourrait servir, mais ça a fait "tilt" direct quand on lui a parlé de notre Nautilus. C'est clairement le morceau qui manque sur la page où figure le début du mot de passe du portail de chez Pharmacorp. Ce qui nous conduit à "TUXEDO" pour le mot de passe complet.
- il suggère de descendre dans la combe avec son engin à magnétrine pour récupérer de l'eau. Cool, ça sera bien pour ramener aussi Jean-Yves, sa femme (enfin, ce qu'il en reste) et sa cantine de documents.

La nuit est courte, très courte.

Jeudi 13/07/1989
Réveil à 4h pour aller procéder à notre récolte d'étrons de vélociraptor.
Quel anniversaire de merde! Littéralement! Je m'en souviendrai de mes 18 ans!!
Nous partons avec deux brouettes vides et revenons avec deux brouettes pleines. Entre les deux: Johanna a fait le nécessaire avec ses seringues hypodermiques pour que Blue ne soit pas un danger, mais Bill a flâné en chemin, est allé visiter le bâtiment dont nous avions entrevu le toit depuis la terre ferme. A baguenauder comme ça, il est à la bourre pour repartir et manque de se faire déchiqueter par Blue qui le rattrape. Mais finalement il s'avère que la mémoire du vélociraptor est meilleure que celle de certains joueurs à la table: il doit se souvenir que Bill était là à l'éclosion de l’œuf, qu'à défaut de lui donner le sein il a mâchouillé des bouts de viande pour les lui donner prédigérés, tout ça tout ça... Bref, tout est bien qui finit bien et nous ressortons de là tous sains et sauf, avec nos deux brouettes pleines.


(*) Pour ceux qui auraient l'esprit mal tourné sur l'ellipse: "que [convaincre] sa stagiaire".

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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMar 2 Avr - 22:28

Ep. 8

Jeudi 13/07/1989 (suite)  [28/03/2024]

Tant qu'à avoir les mains dedans, on y retourne dès après le petit déj. Faut croire qu'on y a pris goût. A part Laul, 'videmment, l'a mieux à faire, toujours à traîner dans le sillage de Lily. Bref, Eddy, Bill et moi allumons 3 petits feux de merde -littéralement- au sud ouest de l'enclos des singes, afin qu'ils soient sous le vent. Y'a quand même pas que nous qui allons en profiter! Ca ne brûle pas trop mal, et une fois bien démarré ça fait juste une petite fumée blanche qui ne sent même pas. En une heure nos trois petits tas seront consumés. Bill qui arrivera à négocier un petit survol avec Moreau et Myosotis un peu plus tard dans la matinée nous confirmera qu'il n'y a plus une trace de la nappe de spores au dessus de tout le refuge et même 500 m. au-delà.
Bill ne s'en tire finalement pas si bien qu'il l'avait escompté: comme hier, il se tape tout le boulot pendant que Lily croquisse sur son petit carnet. Au bout du compte, c'est lui qui se charrie des brouettées de bouse d'auroch et de guano de perroquets, pendant qu'on surveille nos petits braseros en papotant. Il y a tout de même une justice! Une chose est sure, Lily a tout compris aux hommes. Ou en tout cas, au moins à Laul, ce qui est peut-être globalement plus simple.
Histoire de changer un peu de registre, il pose la fourche et sort le yourtophone. Le phasme va nettement moins bien qu'hier. Les premiers souvenirs qu'il se rappelle ont pour cadre une forêt de châtaigniers. Ca se confirme, il a bien dû prendre vie dans le bassin de la combe. Laul essaie de lui donner un peu d'eau, celle qui lui reste dans sa gourde (prélevée au bâtiment "rouge à lèvres"). Sans succès.
Un bruit d'hélico attire notre attention vers 8h30: la gendarmerie se pose au niveau du barrage. Je file au local radio pour scanner les fréquences en espérant surprendre un échange, un rapport, des consignes. Sans succès. Non plus. Comme je n'ai pas grand chose de plus urgent à faire, je persévère et continue à balayer les ondes jusqu'à ce que l'hélico reprenne les airs. Toujours rien.
Bill a entretemps récupéré l'yPhone. C'est plus court et en plus, je sais pas, je trouve que ça sonne bien... je suis sûr que ça a de l'avenir ce nom, je devrais le déposer(1). Bref il l'a récupéré pour essayer de taper la discut' avec Blue. Ses confidences en résumé: il aimerait de la compagnie. Genre les autruches: c'est bien, ça court vite, ça fait de l'exercice et ou bout du compte c'est succulent. Mais mieux encore, de la compagnie de son espèce, même si ça ne se mange pas.
Bill en touche un mot à Johanna, qui pense qu'il la prend pour une idiote avec son histoire d'yPhone et d'animaux qui parlent. Pour la convaincre il lui fait écouter l'auroch (qui trouve qu'il fait chaud et qui rêve de glaçons aux herbes ou aux feuilles de cerisier), puis les conures (qui causent littérature, aimeraient que les employés viennent plus souvent lire dans leur enclos, mais surtout qu'ils tournent les pages plus vite, qu'est-ce qu'ils peuvent être lents!). Avec tout ça Johanna n'est pas bien convaincue de l'utilité du ouaillePhone (plus ça va, plus je me dis qu'avec une petite prononciation à l'anglo-saxonne comme ça, il a peut-être encore plus d'avenir ce nom). Ils sont déjà en manque de personnel et il faudrait en plus faire la lecture aux perroquets, servir des glaçons à l'auroch et trouver une copine à Blue? Sur le dernier point, Bill a une idée, mais non, ils ne font pas de clonages ou autres techniques de reproduction monoparentales au labo. Bien essayé Bill, ça aurait pu faire plein de petits baby-Blues de compagnie, mais non.
Pour ne pas être en reste avec l'yPhone, je le récupère de Bill et file essayer de causer à mon œuf en couveuse. Cette fois c'est sûr, pour Johanna on est tous complètement fous. N'empêche, mon œuf ne répond peut-être pas (sans grande surprise), mais les pulsations du bipomètre au dessus de la couveuse changent de rythme! Si ça se trouve il reconnaîtra ma voix à l'éclosion!
En ressortant je croise notre fan d'astronomie, Bruno, et l'interroge sur d'éventuels phénomènes lunaires notables sur les derniers mois. Mais non, rien à sa connaissance.

A 10h la petite sortie planifiée avec le véhicule à magnétrine tourne court. Tous les mécanismes ont été attaqués par les spores rouges, il y en a au moins pour une journée de boulot à tout désosser-nettoyer-remonter. On va laisser Moreau s'occuper de son matos, s'il veut déjà aller à la combe avant notre retour, on lui donne un petit mot de recommandation à l'attention de Jean-Yves, le détail du code sur lequel on s'était mis d'accord avec lui (qu'on devait à la base frapper à la porte extérieure avant de la défoncer). Avec ça on espère que JYP pourra surmonter sa légitime paranoïa et acceptera de se faire véhiculer par notre hôte.
Pour notre part, on va faire un tour aux bassins de Flumff avec quelques étrons à griller. Quand je disais qu'on avait dû y prendre goût... On trouve bien Flumff, mais dans un sale état, il était temps qu'on arrive. D'immaculé il est devenu carrément rosâtre et n'a pas la grande forme. Quelques minutes d'enfumage et il est comme neuf. C'est vraiment magique ce truc, le prochain qui tombe malade autour de moi, je sais comment je le soigne!
Flumff nous indique aussi que quelques heures après notre départ la dernière fois, il a ressenti l'apparition d'un nouveau portail, il peut nous y conduire si nous le souhaitons. Nous acceptons mais lui demandons de patienter une heure ou deux, nous comptons faire un tour au D12 dans l'espoir de trouver un nouvel oeuf (de vélociraptor si possible). Bill trouvera bien un nouvel œuf, plutôt écaillé, pas du tout ressemblant à un rejeton de vélociraptor en devenir. Il le prend quand même et, alors que nous allions repartir, une voix l'appelle. "Biiill!".
C'est le père d'Annie, il est au niveau du portillon à 200 m. du D12, côté intérieur de la zone interdite. Laul a le temps de nous glisser en a parte que Mike Leonhart (c'est son nom, pour ceux qui n'auraient pas compris) a été licencié du Loop après avoir été pris en flag avec des documents confidentiels auxquels il n'était pas censé avoir accès, encore moins les copier, encore encore moins sortir les copies en douce. Je vous passe les détails de la conversation, très tendue au départ. Il s'avère au final -si on peut le croire, mais il nous a plutôt convaincus- qu'Annie et Eglantine (c'est la fille de Franck, pour ceux qui auraient oublié) ne sont jamais revenues de leur voyages aux States, enlevées par Pharmacorp qui les utilise pour faire chanter et manipuler leurs pères respectifs. C'est la raison de sa présence ici. Il a entendu que Maréchal fait partie d'une communauté revenue vivre dans la zone interdite et il veut le rencontrer. Il a perdu sa fille, son boulot, ses collègues, son honneur, ses amis, il ne lui reste plus rien, il est sali, isolé. Il ne voit plus que Franck vers qui se tourner pour essayer de monter un plan ensemble.
Il ne nous revient en aucun cas de faire entrer un tiers dans le camp, encore moins un tiers douteux (s'il nous a convaincus, il en ira peut-être autrement de Ludo et Irina qui doivent le connaître, lui et une autre version de son histoire). On lui donne RV chez Moreau. Lui passe par l'intérieur de la zone, et nous par chez Flumff, pour au moins le prévenir que nous devons ajourner la découverte du nouveau portail.
De là à chez Moreau, il se passe un truc pas clair avec un champ de fleurs violettes qui n'était pas là sur notre trajet aller. Laul et moi continuons en ligne droite au pas de course tandis que Bill sort un bouquin de botanique de son sac, et qu'Eddy les sniffe, les fume ou se pique avec, en tout cas après ça il raconte un truc à dormir debout que je n'ai pas bien compris, un genre de rêve lui enjoignant (nous enjoignant par son entremise) de nous concentrer un peu sur l'essentiel et d'arrêter de papillonner partout. Serait peut-être temps de finir par aller le passer, ce portail "TUXEDO"...
Laul et moi arrivons chez Moreau au plus vite pour avoir une pré-discussion avec Franck et Ludo avant la mise en relation que nous avons promise à Mike. Sur ce, Bill et Eddy arrivent. Bill donne son nouvel œuf à une Johanna désopilée qui ne trouve même plus de commentaire à faire. Puis arrive Mike, nous joignons le campement et Franck lui fixe un RV demain fin d'aprèm à l'antenne relais. Ce n'est pas lui qui s'y rendra avec sa jambe dans le plâtre, mais Mike sera attendu.

Après une petite sieste, nous reprenons la route vers 23h pour poursuivre où nous en étions restés avec Flumff.

Vendredi 14/07/1989

Nous arrivons aux bassins vers 1h. Flumff nous ouvre un portail qui débouche directement près du dôme rose. Pas de nouvelles du monstre sublacustre, il doit être occupé ailleurs, personne ne pense à s'en plaindre. Cette fois avec le mot de passe "TUXEDO" le portail P19.76 s'ouvre et nous nous retrouvons dans le dôme.
Enfin, on croit.
Enfin pas sûr du tout en fait.
L'endroit n'est pas très éclairé, il manque quelques bâtiments par rapport à ceux qu'on reconnaît (ex site Pharmacorp près de la gare désaffectée), mais il y a d'autres bâtiments en plus. Un projecteur balaie la zone en mode poursuite. Au dessus de nos têtes, la lune, un ciel  étoilé, pas de dôme.

Nous ne sommes plus sous l'eau, pas sous le dôme.

C'est la fin du troisième mystère: nous avons résolu le mot de passe, nous avons décontaminé Flumff, nous avons... apparemment fait autre chose qui aura son importance mais on ne sait pas bien de quoi il s'agit...



(1) vous affolez pas, ça fait tout juste 5 ans que Steevie a sorti son premier Mac, on a le temps de voir venir.


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fpierrat




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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMer 10 Avr - 19:33

Ep. 9


Mystère 4: entre chien et loup, Expérimentation


Vendredi 14/07/1989 (suite)  {col:grey|[04/04/2024]}

En sortant du sous-marin, nous constatons que nous ne projetons pas d'ombre. Le bathyscaphe, lui, en projette bien une. Le dôme est invisible au dessus de nos têtes, mais en me dirigeant vers sa circonférence pour m'en assurer, il est bien là et ne nous permet pas de traverser.
A proximité, un bâtiment en tôle complètement rouillée, pas de porte, pas de fenêtre, une trappe fermée par un volet qui pend sous ses charnières, façon chatière. Nous nous enfilons tous précipitamment dedans car je viens de me faire repérer par le type à la poursuite lumineuse.
A l'intérieur, un boyau rectangulaire de 80 cm par 60 de large. Nous progressons à quatre pattes. Quelques virages, peu d'espace, et pourtant nous nous sentons étonnamment à l'aise, pas coincés, pas claustro. Nous nous sentons comme plus petits, comme si nous nagions dans nos vêtements. Une forte pente descendante, presqu'un toboggan, le long de laquelle nous glissons. Atterrissage dans un lit de choses molles, type tissus, étoffes ou autres matériaux fluides, avec quelques trucs plus durs dedans. Puis le sol remonte, on retrouve un plancher métallique. Puis des marches. Puis une trappe semblable à celle de l'entrée. Eddy, en tête, sort. Puis il voit déboucher un chat. D'où la chatière, peut-être?... Puis deux. Puis trois. En se grattant le menton de perplexitude, il constate que sa main -sa patte- est équipée de griffes rétractables. Mais qu'est-ce que c'est que ce nouveau cirque encore? Nous voilà dans la peau de chats...
Le temps de remplir de nouvelles fiches perso adaptées pour la circonstance et nous reprenons le cours de nos aventures, à coups de d4 désormais...

Forcément, on n'est pas seuls dans la zone, le gars au projecteur a dû lancer les chiens, parce que ça aboie, de plus en plus près. Laul se souvient soudain avec beaucoup d'à propos que le grillage laisse un petit passage à l'endroit où il passe le ruisseau. Nous  courons nous y faufiler. Une fois hors de portée des clebs, nous prenons le temps d'étudier d'un peu plus près notre environnement.
A l'extérieur de la clôture dont nous venons de nous extirper, un panneau. Apparemment même chats, nous savons toujours lire: "Permis de démolition de 2 bâtiments, bla bla blabla... 1976". 1976? 1976! Alors non seulement on s'est transformés en chats, mais en plus on a remonté le temps? Faudra qu'on fume plus souvent la bouse du vélociraptor, ça a l'air puissant comme truc, il va pouvoir se rhabiller avec sa beuh Bruno !!
Quelques maisons. Deux sont accessibles, les ouvertures des autres sont à l'extérieur du dôme.
L'une peu accueillante d'où un type nous balance des trucs quand il prend à Eddy l'idée de tester son nouvel organe vocal un peu trop fort pour le sommeil du voisin.
L'autre bien entretenue (gazon ras), mais pas moyen d'y entrer, tout est fermé, pas une fenêtre entrebâillée, pas une chatière. Dommage, la boîte aux lettres affiche "Tellano", c'est a priori là qu'on veut aller. Je propose de retourner prendre le tunnel dans l'autre sens en espérant reprendre forme humaine pour pouvoir ensuite actionner les clenches des portes, forcer une fenêtre, trouver un moyen pour entrer. Mais mes chamarades ne veulent rien entendre.
Deux autres chats arrivent depuis l'extérieur du dôme: eux ne semblent pas entravés par la bulle. Nous réessayons de sortir, peut-être qu'en chats ça passe? Que nenni.

Laul décide de suivre les deux chats - signe que ça doit être des chattes finalement. Il finira bien par conclure avant la fin du dernier mystère ! Nous décidons de suivre Laul. Ils nous conduisent à un tronc creusé d'une ouverture munie d'une chatière débouchant sur un escalier qui descend. Descend. Descend. Encore, et encore. Au bout d'au moins 50 marches, fin de l'escalier. Un tunnel. Puis de la lumière au bout du tunnel, une musique apaisante, bientôt le Saint Pierre des chats si ça continue comme ça! Mais non, juste une grande pièce pleine de chats -au moins une vingtaine. Ça ressemble à une installation du Loop. Au sol une vaste litière couvre toute la surface. La lumière nous permet enfin de nous voir vraiment: Bill est gris clair avec des chaussettes blanches, Eddy est caramel, Laul noir et moi gris tigré.
Au matin arrive un type qui cause aux chats en les grattouillant. C'est Moreau avec 15 ans de moins(1). Il constate qu'il a 4 nouveaux pensionnaires, nous prend les uns après les autres dans son bureau. Son cabinet plutôt. On en ressort tous piqûrés (vaccin?), photographiés, équipés de colliers marrons et dotés de nouveaux noms:
Teddy pour Eddy le gros nounours,
Bilbo pour Bill avec ses looong poils sur les pieds,
Bolo pour Laul, demandez l'explication à quelqu'un d'autre, je n'ai pas la réf, une histoire d'actrice je crois,
et Ticano pour moi, parce que j'ai essayé de faire reconnaître mon humanité en tapant mon nom sur un clavier qui traînait sur le bureau, mais je ne suis plus vraiment équipé pour, il y a eu quelques imprécisions dans la frappe.


Les colliers nous ouvrent visiblement des portes: la chatière de la première porte qui nous résistait cette nuit s'ouvre dès le premier essai. S'ensuit une visite des couloirs adjacents et des bureaux accessibles (un certain nombre de portes restant fermées, marquées d'ailleurs d'un petit panonceau "interdit aux chats").

Bureau 1, celui où on a reçu nos colliers: Augustin Moreau. Rien de bien significatif à part une armoire pleine de pièces mécaniques et un coffre métallique orné de bandes jaunes et noires et d'un panneau "danger". Discussion entre Moreau et Stéphanie: elle essaie de le convaincre de rester mais il en a marre de bosser pour "un abruti pareil" et il a trouvé un terrain sur lequel il compte monter un refuge pour animaux dès septembre.

Bureau 2: Stéphanie Meyer, justement. Plein de pièces mécaniques, de mécanismes qui bougent, de parties de robots. Là aussi, un coffre "danger".

Bureau 3: Isabelle Kasimov. Une salle informatique. Une femme entre avec un demi robot dans les bras.

Pièce 3: salle de réunion.
Une porte infranchissable pour nous termine le couloir.


Dans l'autre couloir:
- des toilettes,

- une salle de repos, deux jeunes femmes: Sarah Takova, enceinte, et une collègue.

- quatre bureaux.
Bureau 4: Dr Franz Stein et Victor Shikkil. Bureau éteint, bien rangé, plein d'armoires. Labo de chimie? Pharmacie? A nouveau le même coffre "danger".

Bureau 5: Dr Sarah Takova. Elle est là, en grande conversation avec Thomas alias Tom Master. Nombreux plans et documents relatifs à la lecture et au contrôle de la pensée. Un pré-proto non terminé du yPhone. Lambeaux de conversations entendus. Tom: "en conséquence des échecs essuyés, pourquoi ne pas essayer de transcrire une pensée plutôt qu'un langage?" Sarah: "Pas sûr que la direction financera un nouveau programme de recherche."

Bureau 6: Dr Marie-Pierre Schwarz. C'est un labo de géologie, des cailloux partout. Une machine trône sur un bureau central, que d'autres chats ont évoqués dans la grande pièce, cette nuit.

Bureau 7: Dr Raoul Mabille. Absent, PC éteint. Ressemble à un cabinet médical

Et encore des portes interdites aux chats...
- Ed et Laul arrivent à se faufiler dans une des doubles portes en face de la salle de repos. Ca donne sur un genre de quai de métro

Quelques rencontres, de gens plus ou moins aimables:
Pénélope Ladis qui a une peur bleue des chats.
Richard Dessange, qui vire Eddy de son chemin d'un grand coup de pied. C'est l'abruti dont parlait Moreau. Il n'a pas attendu d'arriver chez Pharmacorp pour devenir une teigne celui là... Une autre conversation surprise un peu plus tard nous laisse comprendre qu'il a les mains baladeuses, qu'il fait des avances à toutes celles qu'il croise sur son chemin, et qu'il a réussi à faire virer Lina Telin qui les lui avait refusées.

Réunion dans la grande salle. C'est surtout Pénélope qui parle. C'est très technique, il y est question de la ferme lunaire, des expérience de "Faux-Denis", du risque que des extra-terrestres profitent de ses expériences pour nous envahir via le portail qui pourrait s'ouvrir en cas de succès. Elle présente un protocole d'action pour une telle hypothèse. Sarah et Isa ne prennent pas le risque au sérieux, l'une ne croyant pas en l'expérience et l'autre pas en Denis, tandis que Marie-Pierre s'insurge contre le temps perdu à élaborer des protocoles reposant sur l'usage de la sélénitine alors même que personne n'en a jamais vu...

En salle de repos, discussion entre Tom et Dessange à propos d'un croquis de ce dernier: il a représenté Flumff tel qu'il l'a vu dans un rêve: une créature blanche dans un aquarium, et qui doit changer sa vie selon une vision issue du même rêve. En voyant le dessin, Tom indique avoir déjà vu cette créature; nous comprenons que c'est lui qui a sorti Flumff du d12 et l'a relâché dans les bassins de la ferme aquaponique.
Une carte postale est arrivée de Raoul: un homme qui fait une bombe dans une piscine avec le texte "Vamos Franco". Nota: Franco est mort en 11/1975.

Vers 16h une alarme, de nombreux chats se dirigent vers le bureau de Marie-Pierre qui les fait traverser la machine. A la sortie, une lumière verte, rouge ou jaune s'allume.
Laul et Eddy (pardon, Bolo et Teddy) sortent avec un voyant jaune qui n'excite pas l'enthousiasme des foules.
Je déclenche la LED rouge, et je me fais embarquer séance tenante dans une caisse de transport avec les félicitations de Moreau.
Bill/Bilbo pour sa part déclenche la LED verte et la liesse des Loopistes. "On a un grand gagnant" clame Marie-Pierre, "Celui-là vous me le mettez de côté" éructe Dessange qui a quitté son bureau précipitamment dès qu'il a eu vent de l'évènement.
Eddy et Laul en profitent pour faire la visite de son bureau -et pisser sur son tapis, vengeance, vengeance!! Ils voient des plans de permis de construire "Pharmacorp" étalés sur une table, qu'ils essaient de mémoriser.

Chez Moreau, je me vois décerner un collier noir, et Bill, carrément un blanc! on n'en a pas encore vu de comme ça sur aucun chat, ce doit vraiment être une première! Mais nous sommes également gratifiés d'une nouvelle piqûre, cette fois je crois que nous nous sommes fait pucer. Des échanges que nous entendons autour de nous, nous comprenons que la caractéristique qui a été détectée chez nous est le contact avec la pierre noire pour ma part, avec la sélénitine pour Bill. Et effectivement, je suis le seul à avoir touché l'onyxine en réparant Nono, tandis que Bill est le seul à avoir touché la pierre blanche, il y a quelques années, chez Tellano.


(1) 13 pour les puristes, les perfectionnistes, les pointilleux de la soustraction, enfin les chieurs quoi...

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fpierrat




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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMer 17 Avr - 20:03

Ep. 10


Samedi 15/07/1976 (suite)  [11/04/2024]

Nous continuons à écouter le maximum de conversations possible, s'il y a quelque chose que nous pouvons retirer de cette expérience temporelle, c'est de l'information. Quelques bribes perçues ça et là:
Beaucoup pensaient que la sélénitine était un mythe, mais il a été démontré que physiquement parlant, elle ne pouvait pas ne pas exister.
Les deux que nous avions vu partir dans le cyclotron un peu plus tôt sont de retour et signalent un problème d'éclairage à réparer à Isa. Ils s'appellent Laurent et Sophie. C'est Laurent Marchal et Sophie Toussaint. Le fils d'Agatha et sa femme. Nous sommes malheureusement impuissants à les prévenir.

Moreau nous parle pendant qu'il s'occupe de nous Bilbo et moi. Enfin, nous on l'écoute, mais dans son esprit il monologue. A Bill: "tu es précieux, toi. Tu ne te rends pas compte à quel point tu va susciter l'intérêt, la vie ne sera plus facile à compter de maintenant pour toi". A moi: "tu feras gaffe à l'extérieur, il y a beaucoup de colliers noirs qui disparaissent ces temps-ci. A ta place, j'éviterais d'aller trainer du côté de Pharmacorp". Sur ce, passage de Richard, qui repart en râlant parce que les résultats ne sont pas encore là, et en répétant de bien lui garder Bill à l'œil. Dès qu'il a tourné le dos, Moreau conseille à Bill de disparaître et de ne jamais remettre les pieds dans le secteur. Quand on lui racontera en 1989 que c'est à nous qu'il a dit ça, j'aimerais voir sa tête! Ca va être un grand moment!

Dans les couloirs, toutes les conversations tournent autour du collier blanc.

Vers 18h, tous le monde part progressivement. Ou presque. Tom est toujours là. Ca fait de grosses journées pour un stagiaire... Il passe dans le bureau de Franz et copie des dossiers. Il ne semble pas vouloir être vu, il a refermé la porte derrière lui mais pas assez vite pour Laul qui l'a suivi. Tout ce qu'il arrive à voir, c'est que les copies représentent pas loin d'une ramette, mais il n'arrive pas à en voir le contenu. En revanche il voit une fiche de paie au nom de "Thomas Denić", avec un accent d'Europe de l'Est. Tom parle tout seul, limite schizophrène il semble rempli de haine à l'encontre du Loop et répète des propos tels "vous allez voir", "je vais vous dénoncer, je vais tout publier", "quand le monde saura tout ce que vous faites", "quand ce sera publié toutes vos conneries, vous pourrez plier boutique", agrémenté de noms d'oiseaux plutôt imagés.
Tom glisse toutes les copies dans des pochettes, les pochettes dans son sac et son sac sur son dos.

Nous sortons du dôme et prenons la direction de chez Tellano. Laul trouve sur le chemin une puce sauteuse en caoutchouc rose, marquée "made in Taïwan". Tiens, made in Taïwan? En 1976? Notre expertise historique ne nous permet pas de trancher, mais il nous semble qu'il y a quelque chose d'étrange, un genre de léger anachronisme... Nous ne serions peut-être pas les seuls à être passés par ici en provenance des années 80... Bon, si on ne sait pas trop pour Taïwan, on est quand même à peu près sûrs de nous pour la puce sauteuse: les premières sont apparues quand nous étions à l'école, dans les années 80.

Chez Tellano, la porte-fenêtre est ouverte sur la terrasse, et la pierre blanche est là, juste là, dans une vitrine. Une belle pierre plus ou moins ovoïde, d'un bon 80cm facile! Dans notre état, pas gagné pour qu'on arrive à se la coincer entre les oreilles et la queue pour repartir avec!
Laul se fait gauler, mais ça se passe bien, il se fait refiler des restes. Et ça a beau ne pas être ses satanés raviolis, il ne crache pas dessus pour autant. Il en profite pour mater le journal sur la table: on est le 15/07/1976, apparemment on a fait un saut temporel en années complètes et en jours piles. Bilbo et moi visitons l'étage, sans rien trouver de transcendant, pendant que Teddy se vautre sur le canapé du salon. Nous décidons finalement de repartir, Bill et moi, nous retransformer en hommes -enfin, si le tunnel est à effet réciproque dans l'autre sens, sinon on est mal... Ed et Laul restent et éllaborent des stratégies complexes pour tenter d'embarquer la pierre, quand sur un malentendu Ed fait trébucher Tellano, qui se vautre sur une table basse qui tombe sur la vitrine qui s'écrase au sol, explosant non seulement ses vitres mais aussi son contenu: la pierre blanche éclate en une multitude de petits cristaux. Eddy et Laul parviennent à en saisir un chacun dans la gueule avant de filer. Mieux vaut ne pas s'attarder d'ailleurs, l'humeur de Tellano s'est curieusement dégradée tout à coup, si vous êtes un chat, éviter de passer trop près de chez lui pendant les au moins 130 prochaines années!
Laul récupère au passage la puce qu'il avait mise de côté, et eux aussi tentent le passage en sens inverse dans le tunnel félinisateur. Ils ressortent bien humanisés de l'autre côté et nous rejoignent. Eux comme nous avons tous récupéré l'essentiel de nos biens juste avant transformation, habits, couteaux de poche, etc. En revanche, le sous-marin a dû être visité en notre absence: le livre-aux-trous a disparu!
Une lumière s'allume dans un bâtiment que nous n'avons pas exploré ni même approché pour l'instant -faut dire qu'à notre dernier passage c'était mal famé dans le secteur, un peu trop canin à notre goût, nous avions filé direct! Dans la pièce éclairée, un type parle avec un téléphone. La demi conversation que nous entendons (la fenêtre étant fort opportunément ouverte) nous permet de comprendre qu'il s'adresse à Richard Dessange, qu'il est son bras droit et le directeur provisoire de Pharmacorp en attendant que Dessange prenne la main. On comprend également que les travaux doivent débuter demain. Et au mur derrière lui est épinglé un poster de Bilbo (photo prise par Moreau quelques heures plus tôt) et des photos de chats à collier noir, dont moi: quelques uns sont barrés. Sinistre.
C'est à ce moment qu'un autre type sort avec un chien d'un bâtiment en arrière plan. Inutile d'insister, nous filons vers le bathyscaphe et traversons le portail.

Nous ressortons dans le lac en 1989 -enfin, c'est ce qu'on espère! L'ordinateur de bord indique qu'on est le 14/07/1989; de trois choses l'une: soit la journée que nous avons passée en 1976 nous a coûté quelques heures en 1989 seulement, le temps ne s'écoule pas à la même vitesse des deux côtés du portail, soit le portail fait traverser le temps mais peu importe le temps écoulé en face, il ramène à un moment qui n'est pas dépendant de ce temps passé, soit l'ordinateur de bord a perdu les pédales.
Impossible d'accoster directement chez Moreau, falaises trop hautes. En chemin vers l'abri à bateaux de Denis, nous tombons sur le cadavre encore fumant de l'énorme monstre. Littéralement: il git sur le fond tandis que des particules noires remontent de son corps vers la surface. Il a réellement l'air carbonisé, étrange pour une créature sous-marine au fond d'un lac... Des traces de pas sur le sol partent du monstrent et s'orientent vers l'Est. Nous les suivons, jusqu'au barrage.
Nous découvrons au barrage: une sorte de "fenêtre", qui donne sur une pièce brillamment éclairée (la lueur que nous avions aperçue au bien du barrage depuis chez Moreau), dans cette pièce une femme. Plus bas, sous la fenêtre, deux portes, l'une à l'échelle de notre sous-marin environ, l'autre à l'échelle humaine. Les traces de pas que nous suivions s'arrêtent à l'aplomb  de cette dernière porte.

Alors que nous essayons de repartir vers la cabane de Denis, l'alerte batterie se déclenche, nous perdons tout contrôle et le sous-marin s'oriente en mode automatique vers sa base.
Nous arrivons au ponton Biotech peu après minuit.


Fin du Mystère.


Ah, si, un détail encore: sur le chemin, Laul s'est re-penché sur le carnet de Denis. Une illumination subite: les mots en majuscule font tous référence à des objets astronomiques, le mot catalogue et l'adresse à Charles sont des indices. Mais c'est bien sûr! Le catalogue de Charles Messier! C'était tellement évident qu'on n'y a pas pensé! Bon perso, j'en avais jamais entendu parler, mais maintenant je sais que la nébuleuse du Crabe est référencée sous l'identifiant M1, la galaxie du Tournesol sous M63, etc. Ca nous amène aux correspondances: Crabe: 1, Lagune: 8, Chasseur céleste: 42, Canard sauvage: 11, Tournesol: 63 et Cigare: 82.
Cool. Mais on ne sait toujours pas à quoi ça va nous servir!


Dernière édition par fpierrat le Mer 17 Avr - 20:15, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMer 17 Avr - 20:05

Ep. 10 B


Mystère 4: entre chien et loup, Expérimentation


Samedi 15/07/1989  [11/04/2024]

A la sortie du sous-marin, nous sommes attendus.
A la grande surprise de certains d'entre nous. Si, si. Candides, les gars.
Non mais sérieux, on a piqué un sous-marin dimanche, on sait qu'un entretien était prévu dessus dans la semaine, on sait que Dédé attendait cet entretien pour pouvoir reprendre son taf avec, on le ramène le samedi, il s'est écoulé une semaine, et ils pensaient vraiment que personne n'aurait rien vu? Que les gars de chez Biotech passeraient dans 3 jours ou 6 mois et n'y verraient que du feu?
Paraît que l'espoir fait vivre mais là, vu la tête des gars qui nous attendent, ça risque de pas suffire.
Cagoules, armes d'épaule, clairement des influences vestimentaires ETA/FLNC.
Laul fait le malin, mais pas longtemps. Ajoutons tasers à la liste, quelque part entre "cagoules" et "armes d'épaule".
Nous montons dans le camion garé juste à côté. Nous montons Laul dans le camion, aussi. Le trajet n'est pas très long. Impossible de tenter quoi que ce soit, d'abord parce que nous sommes bien encadrés, ensuite parce que Laul gît inconscient sur le plancher.
Nous avons pu identifier, d'après les arrêts, changement de type de route etc, que nous avons quitté l'enceinte de la zone interdite. Mais impossible d'être plus précis. Le souvenir du panneau "Biotech" aperçu à l'aller, sur le chemin des vacances dans la voiture de Laul, nous effleure l'esprit, mais ça ne va pas nous aider beaucoup.
Arrêt du camion, on nous descend(1), puis fouillage et dépouillage en règle. Un sac sur la tête et en marche. Un ascenseur, a priori on descend. Mais de combien? Puis une trentaine de mètres, on tourne à droite, encore 5 mètres, à gauche. Nous sommes assis dans une pièce. Là seulement on nous débande les yeux. Laul émerge seulement de sa petite sieste -un des hommes a dû le porter. On nous laisse seuls, derrière une porte solide et bien verrouillée. Sol en béton, murs en béton. Dans un angle une caméra, mais elle n'est pas branchée.
On vient nous chercher un par un pour nous emmener successivement dans une salle de douche/WC, apparemment ça doit se sentir un peu qu'on n'a pas vu un savon depuis une semaine. En parlant de savon, Laul en pique un bout et le mâchonne pour tenter une simulation de malaise en bavant de la mousse façon Cluzet dans la Mazerati. Il y gagne une douche froide tout habillé, un "ça y est ça va mieux ?" et sans doute une pneumonie à court terme.


(1) juste du camion pour l'instant

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fpierrat




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MessageSujet: Re: Cinq ans plus tard   Cinq ans plus tard Icon_minitimeMer 24 Avr - 21:13

Ep. 11

Dimanche 16/07/1989   [18/04/2024]

La nuit fut longue. Mais est-elle bien finie? Est-ce déjà demain? Ou encore hier?
La clé finit par tourner dans la serrure. On nous emmène séparément, l'un après l'autre, sac sur la tête, dans un autre endroit.
Pas au même étage, on nous fait prendre l'ascenseur.
Salle d'interrogatoire.
Un homme, une femme.
Des questions (ben oui, c'est un interrogatoire!). Auxquelles il s'avérera qu'on n'a pas toujours apporté les mêmes réponses.
Du genre:
- qui êtes-vous ?
- combien êtes-vous ?
- pour qui travaillez-vous ?
- savez-vous que le vol est puni de 3 ans d'emprisonnement et de 300 000 francs d'amende ?
- savez-vous que le meurtre est puni de 30 ans de réclusion criminelle ?
- où étiez-vous dans la nuit du 12 au 13 ?
- savez-vous où vous avez mis les pieds ?

Chacun est placé dans une cellule individuelle à la fin de son interrogatoire, puis nous réintégrons tous ensembles notre "chambre".
Nous sommes royalement nourris: un sandwich sous cellophane, des chips, une bouteille d'eau et une pomme.
Sauf Laul qui la ramène et se fait faucher sa pomme.
Qui la reramène et se refait refaucher son sandwich.
Qui se tait, finalement.
Comme quoi tout arrive. La faim, les moyens, tout ça.

Débrief: Eddy nous assure qu'il a reconnu la voix de l'homme. C'est le second de Dessange, entendu par la fenêtre du dernier bâtiment en 1976.
Appelons le Numérobis en attendant mieux.
On nous a à tous posé les mêmes questions sur la sanction du meurtre et sur notre planning dans la nuit du 12 au 13.
Nous en avons tous tiré la même conclusion: quelqu'un est mort.
Et pas de vieillesse.
Pour le reste, nous n'avons manifestement pas été au top de la cohésion de groupe sur la cohérence des réponses. Heureusement qu'on s'était mis d'accord avant !
Sur ce, on est tous épuisés, choqués, claqués, on s'affale, on dort. Et on nous re-réveille. Et on nous remmène pour nous reposer des questions.
Nos gardes sont manifestement moins concentrés, plus relâchés.
Fatigués peut-être.
Ou ce ne sont tout simplement plus les mêmes.
Cette fois nous parvenons à rassembler quelques informations au passage. Pour ma part, j'arrive à lever un peu le sac et à apercevoir les boutons de l'ascenseur: il y en a 5, de 0 à -4. Tous ont besoin d'une clé pour être actionnés. Nous sommes interrogés au -3, notre piaule est au -4. Différents indices, dont la courbure des couloirs, me permettent de conclure que nous sommes dans le barrage. Donc pour fuir il faut monter.
Eddy, lui, a carrément réussi à revenir avec un jeu de 5 clés. Trop fort, le camarade! L'une d'elles ouvre notre cellule. Nous décidons de ne pas l'utiliser tout de suite, d'attendre.

On a droit quelques heures plus tard à une séance de douche comme hier. Si les jours se ressemblent, on va avoir droit à notre nuit maintenant, c'est là qu'il faut tenter de sortir.

Ce que nous faisons. Nous décidons à l'unanimité de tracer au plus court vers la sortie, vers le haut, sans nous attarder à fouiller comme partout où nous sommes passés jusque là.
Et juste là, il me revient tout à coup à l'esprit que nous ne sommes pas les seuls détenus par Pharmacorp: Annie et Eglantine sont peut-être juste là, derrière n'importe quelle porte! On est vraiment passé à deux doigts d'avoir l'air un peu couillons, de retour auprès de Maréchal et Leonhart. "Vos filles ? Ben quoi vos filles ?... Ah, oui, 'fectivement, ben euh, en fait, on n'y a pas pensé sur le coup, mais bien vu, elles étaient peut-être juste là! Bon, on fait quoi, on y retourne ?"

Du coup on ouvre toutes les portes, je vous la fais courte et vous passe les détails, les fausses et les vraies alertes, les esquives de rondes des gardes, les caméras, les angles morts, les tâtonnements dans le noir avant de comprendre que les caméras ne sont actives que quand la diode rouge est fixe, etc, etc.
Ce qu'on trouve:
- 2 filles, effectivement, elles étaient bien là
- une carte du ciel avec des étoiles annotées "Stentor", "Ghaya'th" et "Rama" (Laul mémorise)
- 2 chats à colliers noirs
- nos propres colliers (on embarque)
- une machine comme celle du bureau de Marie-Pierre (76)
- des documents dont ceux que Moreau a remplis en 76 pour Tikano et Bilbo, et des photos dont celles d'y-ceusses aussi
- une pierre noire souillée de rouge (j'embarque, bien protégée dans la serviette que j'avais piquée à la douche)
- notre Grand Livre des Trous, et un autre tout à fait similaire mais avec les couleurs de couverture inversées
- un étui en cuir très vieux renfermant un parchemin daté 1928 adressé à un Dr Chris Lewis et évoquant un portail
- un yPhone
- des documents cryptés
On pique bien évidemment tout ce qu'on peut. Nos sacs nous manquent, mais ils sont dans la salle des gardes, on les a aperçus en passant devant mais des bruits de voix nous ont dissuadés d'aller voir à les y récupérer...

Les filles de leur côté nous informent qu'elles ont réussi à subtiliser la clé d'un sous-marin, qui est parqué au niveau -4 (1). Qu'elles ont trouvé un papier crypté à en-tête du Loop qui, pour elles, prouve que le Loop et Pharmacorp sont de mèche. Qu'elles ont rencontré un type sympa qui les aide de temps en temps, mais elles ne savent pas jusqu'où elles peuvent lui faire confiance. Et c'est elles aussi qui nous expliquent que les caméra sont affichées en salle des gardes quand la lumière est fixe, et non affichées quand elle clignote (d'autres caméras étant affichées en alternance).

(1) un parking pour sous-marin dans un barrage en 4° sous-sol, c'est un parking souterrain? Un parking à sous-marin? Un parking à sous-marin souterrain? Sous-lacustre?

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